Accueil >  Blog >  Développement professionnel >  Comment parler d’un trou dans son cv en entretien ?

Comment parler d’un trou dans son cv en entretien ?

Publié le

 dans 

Qu’elle soit subie ou choisie, les raisons ne manquent pas pour faire une pause entre deux postes, le fameux trou dans le CV. Voyage, reconversion professionnelle, grossesse ou congé paternité, année de mise à disposition pour réaliser un projet, période de chômage entre deux expériences ou de reconstruction après un licenciement ou un burn-out… Ces expériences arrivent souvent à point nommé dans la vie et il faut savoir se les approprier pour en parler avec sérénité, en retirer le meilleur et les rendre intéressantes lors d’un entretien de recrutement.
Lorsqu’on a simplement pris du temps pour soi ou pour sa famille ou qu’on a effectué un voyage sans projet particulier en tête, comment mettre en avant ces expériences ? Quelles sont les clés pour qu’un trou sur notre CV devienne une ligne dont on est fier et dont on peut parler aisément ? Ou du moins, qu’elle ne nous désavantage pas lors de la recherche de notre prochain travail ? Voici nos conseils afin de répondre aux recruteurs qui, immanquablement, vous poseront la question.

Comment expliquer un trou dans un cv en entretien ? - EDHEC Online

Qu’est ce qui est considéré comme un trou dans un CV ?

On estime qu’un trou dans un CV doit être justifié à partir du moment où il dépasse les six mois. Il est très probable que tous les recruteurs que vous aurez en face de vous s’intéresseront à cette période « d’inactivité », qui n’en est d’ailleur pas forcément une. Ils vous interrogeront sur les raisons de ce « trou » dans votre parcours professionnel et vous poseront peut être les questions suivantes:

  • Pourquoi êtes-vous sans activité depuis si longtemps ?
  • Qu’avez-vous fait pendant cette période ?
  • Etait-ce un choix de votre part ?
  • Avez-vous eu des difficultés pour trouver un emploi ?
  • Etiez-vous en recherche active ou avez-vous profité de cette période pour faire autre chose ?

Étape 1 – Être en ligne avec ses choix et son parcours

Peu de professionnels déroulent toute leur carrière en étant impliqués et mobilisés à 100% tout le temps. Des temps de pause naturels interviennent en effet au cours de la vie professionnelle (par exemple, quelques mois de battements entre un licenciement économique et un nouvel emploi, des respirations en formation notamment lors d’une reconversion — ou encore des absences du bureau pour accueillir un heureux événement).

Ces moments moins frénétiques où le professionnel se recentre sur lui-même sont bénéfiques. Ils sont parfois contraints et nécessaires (en cas de congé pour cause de maladie chronique ou grave ou encore de dépression ou burn out), afin de recouvrer la santé. Ils peuvent être également des moments propices à la contemplation des objectifs professionnels : est-ce que j’aime mon entreprise et mon poste ? Que veux-je apprendre, quel poste est-ce que je vise à présent ?, qui permettent également de revenir plus motivé au travail ou au contraire d’amorcer un changement de cap. 

Pour bien parler de ces pauses salutaires, il faut tout d’abord les avoir accueillies comme « normales » et « bénéfiques ». Si vous savez pourquoi elles étaient nécessaires et ce qu’elles vous ont apporté, c’est déjà un grand pas vers l’assertivité, qui vous permettra de convaincre le recruteur. En un mot, si vous êtes convaincu, vous transmettrez ce sentiment.

Étape 2 – Relativiser

Pas facile, nous direz-vous, d’être serein quand on sort de 2 ans et demi de chômage. Ou quand on s’est reconverti 2 fois en 5 ans sans fil rouge apparent. Laissez-nous vous rassurer : toute expérience, quelle qu’elle soit, peut devenir un atout si elle est présentée de manière convaincante.

Pendant vos deux ans et demie de chômage, vous avez peut-être construit votre maison de A à Z, élevé votre dernier né ou épaulé une association, comme ça, l’air de rien. L’étape suivante permettra de lister les compétences associées à tout cela. Mais avant, rappelez-vous que les recruteurs sont cléments en cette période de crise où nombre de français ont été mis en chômage partiel ou ont fait l’objet d’un licenciement économique. Quitte à surfer sur la vague, vous pourrez facilement expliquer que votre employeur ait pris la décision de se séparer d’employés dans ce contexte, sans que cela soit dommageable pour votre image ou réputation professionnelle.

Par ailleurs, dans une société où les plus jeunes exerceront plus de 10 métiers dans leur vie, parfois simultanément, le temps où l’on devait rester toute sa carrière dans une ou deux entreprise(s) est révolu. Vous pourrez donc expliquer vos changements de cap !

Abonnez vous à la newsletter BOOST, l’email qui fait du bien à votre carrière.

Étape 3 – Valoriser votre expérience

Il est à présent temps de valoriser les qualités interpersonnelles (ou soft-skills) et les compétences (ou hard skills) que vous avez acquises pendant votre “break”. Et croyez-nous, nombre d’éléments peuvent être valorisés, toujours en lien avec l’offre à laquelle vous postulez (ce qui sera le travail de l’étape suivante).

Voici quelques activités possibles pendant une pause professionnelle et les qualités associées qu’on développe en les réalisant.

  • Recherche d’emploiRésilience, optimisme, rigueur, clarté de discours /  Design et graphisme, argumentation, démarche commerciale
  • Vie associative, bénévolat Travail d’équipe, communication, sens du contact / Gestion de projet, gestion d’une trésorerie, événementiel… 
  • Bilan de compétences en vue d’une reconversionConnaissance de soi et de ses motivations profondes, introspection / Esprit d’analyse et de synthèse
  • Reconversion professionnelleRésilience, ténacité, courage, persuasion (de ses proches) / Toute compétence acquise en formation ou au travail
  • Formation, certificationRésilience, rigueur, régularité / Mémoire, rédaction, analyse, synthèse…
  • Défi sportif, sport de haut niveauRésilience, dépassement de soi, esprit d’équipe / Force, athlétisme, agilité, souplesse…
  • Projet artistiqueTransmission, partage / Créativité, gestion de projet, compétence liée à la discipline (dessin, peinture, musique, photo…).
  • Tour du mondeCommunication, esprit d’ouverture, flexibilité / Organisation, gestion de projet, technique photographique ou réalisation vidéo…
  • Projet entrepreneurialFaculté à travailler en équipe, vision / Gestion de projet, finance, product management, RH, stratégie commerciale, marketing… 
  • Maternité, paternitéDon de soi, communication, attention, résilience / Pédagogie, gestion du temps, gestion budgétaire…
  • Pause professionnelle pour aider un procheEmpathie, don de soi, communication, patience / Organisation

Toutes ces situations, si bien expliquées, peuvent vous révéler sous votre meilleur jour. S’il s’agissait d’une pause contrainte et forcée mais que vous en avez tiré les enseignements ou des améliorations pour vous-même (par exemple de votre santé dans le cas d’une dépression), ou si vous avez choisi de souffler et que vous l’assumez pleinement.

Comment valoriser son expatriation auprès des recruteurs ?

Étape 4 – Relier vos qualités au poste visé

Au-delà d’être en ligne avec votre expérience et son utilité, il vous faudra également montrer au recruteur qu’il est dans votre intérêt de vous embaucher. Toute recherche d’emploi est une démarche commerciale : vous êtes face à un besoin, vous apportez une solution et vos compétences ont une valeur (professionnelle, marchande…).

La meilleure manière de signifier au recruteur que vous répondez parfaitement à son besoin est de lier vos qualités interpersonnelles et vos compétences aux prérequis poste. Voici deux exemples pour pouvoir adapter la mécanique à vos compétences et bluffer l’entreprise le jour J.

  • Le poste requiert une bonne gestion budgétaire et des qualités en organisation d’événements ? Justement. Pendant vos 7 mois de chômage, vous avez mis bénévolement vos compétences à disposition d’une jeune galerie d’art. Vous avez organisé avec le fondateur un événement de plus de 300 personnes qui a été un succès (donnez quelques chiffres et faits pour le prouver). Détaillez votre mission sur cet évènement et expliquez que le budget était entre vos mains.
  • Autre exemple : le poste que vous visez nécessite une bonne maîtrise de Node.js. Pendant votre congé paternité, vous avez appris ce langage en ligne et vous avez créé un mini site pour une association. Il fait partie de votre portfolio : proposez au recruteur de le consulter…

Effet garanti !

Étape 5 – Construire le pitch associé

Enfin, pour ne rien laisser au hasard, préparez votre pitch et répétez-le devant votre miroir, vos proches, ou même en vous adressant à votre animal de compagnie ! Tous les prétextes sont bons pour s’entraîner et que cela devienne aussi naturel que de dire bonjour.

Qu’est-ce que ce pitch ? C’est la phrase claire, concise, dite avec le sourire, assertive, que vous déroulerez lorsque le recruteur vous dira : « Je vois que vous n’avez pas travaillé en 2019. Pourquoi ? » ou encore, « La ligne de votre profil LinkedIn “Voyage autour du monde” m’intéresse. Dites-m’en plus ! ». 

Cette phrase doit être : 

  • Courte 
  • Descriptive et claire 
  • Formulée de manière positive. 

Quelques exemples : 

  • Congé Maternité — Temps passé avec mon conjoint et mon premier-né
  • Défi sportif personnel — Participation aux championnat de France de Basket – 2ème place en équipe 
  • Recherche d’emploi — Recherche d’emploi et formation à [x, x, x…] en parallèle
  • Projet entrepreneurial — Co-fondateur d’une entreprise, incubé chez [fond d’investissement], premier prix de l’entrepreneuriat…
  • Tour du monde — 9 mois à la recherche des initiatives agricoles durables ; mini site sur ce lien 

Si vous ne devez retenir qu’un conseil, c’est celui-ci : plus vous serez convaincu, mieux vous convaincrez.

__________________________________

Vous savez à présent comment valoriser une interruption, ou une “pause” dans votre vie professionnelle. Avec sérénité, assertivité, en liant les compétences que vous avez développées au besoin du recruteur sur le poste que vous guignez. 

Gardez enfin toujours ces deux éléments importants à l’esprit. Les qualités et compétences que vous avez développées en chemin sont tout aussi valables que celles acquises en poste ; et le recruteur en face de vous est sûrement une personne empathique qui a, elle aussi, pris du temps pour elle, ses proches ou un projet extra-professionnel à un moment dans sa carrière. Bonne chance !

Abonnez vous à la newsletter BOOST, l’email qui fait du bien à votre carrière.