Comme chaque année, le rapport sur le futur du travail et les métiers d’avenir du Forum Économique Mondial offre un aperçu des transformations auxquelles les travailleurs comme les entreprises devraient se préparer ces prochaines années.
S’appuyant sur une enquête à la fois mondiale et intersectorielle unique, cette étude permet de mieux comprendre comment évolue le marché du travail. Elle s’appuie pour cela sur des sondages et entretiens réalisés auprès de Directeurs des Ressources Humaines, des spécialistes de la formation professionnelle et des PDG des plus grandes entreprises internationales.
La quatrième édition de ce rapport a certainement la portée la plus large. Elle résume le point de vue de 803 entreprises, employant au total plus de 11 millions de personnes, dans 27 secteurs et 45 pays différents. Elle couvre l’ensemble des macro tendances (à la fois technologiques, mais aussi sociales) et leur impact sur la structuration de l’emploi, les compétences et les stratégies de transformation de la main d’œuvre.
Malheureusement, la boule de cristal qui permettrait de prédire l’avenir du travail n’existe pas encore. Mais ce rapport s’en rapproche sensiblement en permettant de mieux analyser quels seront les emplois d’avenir et comment s’y préparer. Dans cet article, on décrypte le rapport et vous emmène avec nous en plongée dans le futur du travail…
Plongée dans le futur du travail et les métiers d’avenir
Sans grande surprise, le futur du travail sera principalement façonné par l’adoption des nouvelles technologies (Intelligence Artificielle, Machine Learning, blockchain, data science, etc.). Ces dernières sont en effet un moteur clé de la transformation du monde des entreprises.
Ainsi, plus de 85 % des organisations interrogées ont identifié une adoption accélérée des nouvelles technologies comme le principal facteur susceptible de transformer leur mode de fonctionnement.
Une autre tendance forte qui devrait impacter l’économie mondiale et faire émerger les métiers d’avenir est la transition écologique. L’application toujours plus large des considérations et normes environnementales impactera elle aussi significativement la manière dont opèrent les entreprises. Les organisations qui souhaitent augmenter leurs parts de marché devront en effet répondre aux attentes des consommateurs concernant les questions environnementales… Mais aussi gouvernementale et sociale (autrement dit, les normes ESG).
Au-delà des effets (à la fois créateurs et destructeurs) des tendances technologiques et environnementales, le marché du travail sera aussi fortement impacté par le contexte économique. Les trois principaux moteurs de destruction nette d’emplois identifiés par le Forum Économique Mondial sont :
- le ralentissement de la croissance économique ;
- les pénuries d’approvisionnement ;
- mais aussi l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
L’automatisation (via l’IA notamment) et la généralisation de l’économie à la tâche seront deux solutions pour les entreprises pour juguler autant que possible ce contexte incertain. Globalement, les employeurs se préparent pour une rotation structurelle du marché du travail de 23 % des emplois dans les 5 prochaines années. Elle s’observera notamment dans des verticales comme l’approvisionnement, les transports, mais aussi les médias, la fabrication ainsi que le retail. Et dans ce contexte, des métiers en demande émergent à vitesse grand V…
Les métiers d’avenir de la tech
Les principaux créateurs de métiers d’avenir seront les nouvelles technologies. Et en particulier les mégadonnées, le cloud computing et l’IA. Selon le rapport du FEM, 75 % des entreprises interrogées envisagent d’adopter ces technologies dans les cinq prochaines années.
Les postes qui connaîtront la croissance la plus rapide seront donc majoritairement adossés et alimentés par la technologie. Parmi eux, on retrouve notamment :
1. Les data scientists
Les emplois liés à la science des données continueront de progresser dans les prochaines années. Selon Business Insider, cette croissance devrait se prolonger jusqu’en 2030. La difficulté sera pour les travailleurs de bien identifier les rôles vers lesquels se tourner, en particulier en début de carrière.
Les compétences requises seront donc liées à l’analyse et la modélisation de données. Mais aussi plus globalement aux mathématiques et statistiques, au codage. Sans oublier des soft skills comme la communication, la présentation visuelle de la data et le storytelling.
2. Les ingénieurs en apprentissage automatique
La demande en ingénieurs ML (machine learning) ne devrait elle non plus pas connaître la crise. L’apprentissage automatique est en effet perçu par une large majorité des entreprises comme un puissant levier pour anticiper les perturbations futures du marché du travail.
L’industrie mondiale de l’apprentissage automatique devrait connaître un taux de croissance annuel composé de 38 % entre 2022 et 2029. Et alors que la demande en ingénieurs en apprentissage automatique continue de monter en flèche, leur employabilité devrait augmenter de 22 % d’ici 2030.
Les compétences requises pour se positionner sur ces métiers d’avenir sont notamment les statistiques, la probabilité ainsi que la modélisation de données. Mais aussi la maîtrise des langages de programmation (notamment Python, ou encore C++) et les algorithmes d’IA.
3. Les spécialistes de cybersécurité
En 2022, les cyberattaques ont coûté plus de 2 milliards d’euros aux entreprises françaises. Cette tendance s’observe partout dans le monde et renforce le besoin des organisations en matière de protection de leurs assets digitaux. La cybersécurité restera donc un secteur porteur dans les prochaines années. Elle offre des opportunités d’emploi lucratives et une employabilité stable sur le long terme.
Pour s’insérer dans ce secteur, les talents devront avant tout démontrer leur aisance en matière de protection éthique des données. Les entreprises seront de plus particulièrement intéressées par les profils de lifelong learner. Plus que n’importe quelle autre verticale, celle de la cybersécurité impose en effet de s’adapter continuellement. Voire d’anticiper les nouvelles failles de sécurité.
4. Les métiers d’avenir dans le marketing numérique
À l’heure actuelle, la portée du marketing numérique est sans commune mesure avec les canaux de diffusion traditionnels. Le e-marketing représente surtout un formidable levier de visibilité, de notoriété, d’acquisition et de fidélisation pour les entreprises. Elles devraient donc continuer d’investir dans les MarTech (technologies du marketing) et les profils spécialisés.
L’avantage de ce type de carrière est qu’il permettra aux nouveaux arrivants comme aux spécialistes déjà installés d’évoluer dans une grande variété de rôles. Mais aussi de pouvoir travailler dans n’importe quel secteur.
Côté compétences, une compréhension approfondie des stratégies SEO et des réseaux sociaux sera indispensable. Les profils e-marketing seront également de plus en plus adossés à d’autres technologies. à commencer par la data, mais aussi l’IA pour optimiser les campagnes et leur budgétisation.
5. Les ingénieurs en blockchain
Avec peu de diplôme dans le domaine et une demande toujours plus forte des organisations, les spécialistes de la blockchain seront en position de force sur le marché du travail. Les spécialistes estiment de plus que les développeurs en blockchain peuvent prétendre à une rémunération de 50 à 100 % supérieure à celle des développeurs travaillant sur d’autres langages et technologies.
Que ce soit pour enrichir un projet d’un volet crypto, renforcer la gouvernance d’une organisation ou rendre les processus de l’entreprise plus transparents, la blockchain a vocation de s’intégrer dans tous les secteurs. La demande en ingénieurs blockchain devrait donc rester largement supérieure à l’offre dans les prochaines années.
Côté compétence, on recherchera votre aisance avec des langages de programmation tels que JavaScript, Java, C++ ou encore Python. Mais le plus important sera bien sûr de maîtriser les architectures blockchain.
Les métiers d’avenir dans l’environnement et les nouvelles énergies
Les métiers d’avenir qui connaissent la croissance la plus rapide par rapport à leur taille actuelle, après les rôles dans la tech, sont ceux liés au développement durable et aux énergies renouvelables. Ces derniers connaîtront une croissance relativement rapide dans les années à venir, selon le FEM. Et ce, en particulier dans un contexte où les économies mondiales se voient contraintes de réduire leur empreinte carbone ou de mitiger les effets du réchauffement climatique.
Parmi les postes qui connaîtront la plus forte demande, on peut citer :
1. L’ingénieur en nouvelles énergies
Ces spécialistes sera mobilisé pour développer des sources d’énergies plus efficaces et durables. Et donc par là même réduire les émissions des collectivités comme des acteurs économiques ;
2. L’architecte et ingénieur en smart cities et smart homes
Son rôle sera d’accélérer l’intégration des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) dans nos espaces de vie. Il facilite un changement de mentalité et de perspective dans le design, l’urbanisme, mais aussi les mobilités ;
3. Le contrôleur de l’empreinte carbone
Les emplois liés à la décarbonisation et à la protection de l’environnement, par exemple le contrôle de l’empreinte carbone, seront parmi les plus demandés à l’avenir. Les entreprises devront en effet surveiller de façon accrue leur émissions. Ce contrôle leur permettra, selon les régions, de séduire les consommateurs, truster des subventions gouvernementales, ou se conformer aux nouvelles réglementations vertes.
4. L’ingénieur en biotechnologie
Ce métier d’avenir contribuera à résoudre des problématiques dans les domaines de la santé, de la pharmacie, de la chimie et de l’agriculture. Ils peut également être amené à intervenir dans l’agro-alimentaire ou la protection de l’environnement ;
5. Ingénieur spécialisé en nouveaux matériaux
il travaille sur des domaines tels que les nanorobots ou le graphène. Le graphène, par exemple, est un matériau léger 200 fois plus résistant que l’acier. Son exploitation permettra dans les années à venir de révolutionner des secteurs comme l’industrie aérospatiale, la médecine ou encore la construction.
Se préparer aux métiers d’avenir dès maintenant
Le monde du travail continue d’évoluer, à mesure que les révolutions technologiques s’accélèrent et les problématiques environnementales deviennent plus pressantes. Les employeurs estiment ainsi que 44 % des compétences des travailleurs seront perturbées au cours des cinq prochaines années.
La formation continue, qu’elle soit à l’initiative du collaborateur ou de son employeur, sera donc un sujet majeur. Devant une forte culture technologique, ce sont surtout les compétences cognitives qui gagneront en importance. La pensée créative et analytique, en particulier. Elles reflètent l’importance croissante pour les entreprises de personnes compétentes dans la résolution de problèmes de plus en plus complexes !