Directeur EDHEC Online, Benoit Arnaud nous partage son analyse sur le lancement de l’application CPF par le gouvernement. C’est pour lui une étape-clé dans la réforme de la formation professionnelle et des nouvelles modalités de financement de la formation continue.
Véritable révolution ou business as usual ? Si l’application suscite de nombreux commentaires, son lancement a surtout un mérite clair : celui de remettre la formation sur le devant de la scène et d’encourager l’ensemble des professionnels à prendre les rênes de leur parcours.
Dans la continuité de la plateforme web Mon Compte Formation, l’application CPF (pour Compte Personnel de Formation) a été conçue pour devenir la marketplace de la formation professionnelle : elle permet à chacun, depuis son mobile, de s’informer sur les programmes de formation, de connaître le solde de son CPF, et de s’inscrire en quelques clics à la formation de son choix, qu’elle soit en présentiel ou en e-learning.
« Je passe à l’action avec l’application Mon compte formation ! »
L’application est téléchargeable directement depuis l’App Store ou GooglePlay Dans ce nouveau système, il n’y a plus d’intermédiaires administratifs entre les salariés et leurs formation – un rôle joué auparavant par les Opérateurs de compétences (OPCO, ex-OPCA).
La formation au cœur de la vie professionnelle de chacun
En simplifiant le processus d’information, de choix et d’inscription à une formation, l’application CPF entend encourager les 33 millions d’actifs à se poser davantage la question de leur évolution professionnelle et d’engager leur droit à la formation : en 2019, sur les 900 millions d’euros disponibles au titre du CPF en France, seuls les 2 tiers auraient été utilisés. À cet égard, l’actualité autour du lancement de l’application aurait déjà permis à certains de découvrir l’existence même du CPF, relativement méconnue.
Sur la forme, le lancement de cette application initie donc un vrai changement de modèle et reflète la dynamique positive impulsée par la réforme en cours : les salariés sont désormais reconnus clairement comme les acteurs de leur parcours professionnels, libres d’explorer toutes les possibilités et de se former quand ils le souhaitent, sans attendre la validation d’un dossier par un organisme tiers. Car qui mieux que vous peut savoir ce dont vous avez besoin, et à quel moment ?
Sur le fond pourtant, rien ne change réellement : les salariés souhaitant se former en dehors de leurs heures de travail et sans demander l’autorisation à leur employeur pouvaient déjà le faire avant – en particulier grâce au e-learning. La souplesse d’organisation permise par les programmes online permet aux actifs d’organiser leur temps comme ils le souhaitent et de se former tout en continuant à travailler. Une liberté particulièrement adaptée dans le cas d’un salarié préparant sa reconversion ou d’un projet de création ou de reprise d’une entreprise.
« Les salariés sont désormais reconnus clairement comme les acteurs de leur parcours professionnels, libres d’explorer toutes les possibilités et de se former quand ils le souhaitent »
Les entreprises, indispensables partenaires de l’évolution professionnelle de leurs salariés
À l’approche du lancement de l’application, certaines entreprises ont exprimé une crainte : celle de perdre leur droit de regard sur les formations suivies par leurs collaborateurs – arguant qu’il était désormais possible pour un salarié de se former sur n’importe quel sujet qui n’aurait rien à voir avec son poste actuel. En réalité, ici encore rien ne change : l’accord de l’employeur est toujours nécessaire pour se former sur son temps de travail.
Et s’il est évident que les apprenants se forment d’abord pour eux-mêmes, l’engagement dans un parcours de formation relativement long passe toujours par un dialogue de confiance avec leur employeur. Dans le cadre de formations certifiantes ou diplômantes comme les formations online de l’EDHEC, qui engagent les apprenants sur plusieurs mois pour développer leurs compétences en profondeur, salariés et entreprises ont clairement intérêt à penser ensemble un projet de formation gagnant-gagnant, et à co-investir pour un avenir commun.
C’est pour cela qu’à l’EDHEC nous avons toujours considéré qu’en matière de formation professionnelle nous faisions du « B2C… 2B », et construit des programmes en phase avec la réalité des entreprises d’aujourd’hui.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que certaines entreprises sont aujourd’hui au défi de changer de modèle, pour passer d’une vision essentiellement administrative de la formation – approchée uniquement sous l’angle du nombre d’heures effectuées, de la gestion de conventions, etc. – à une approche plus individualisée. Une approche qui considère la formation comme génératrice d’un double bénéfice : pour le salarié et pour l’entreprise.
« Certaines entreprises sont au défi de changer de modèle, pour passer d’une vision essentiellement administrative de la formation à une approche plus individualisée. »