où R est la rétention, T est le temps et F est la force.
Cette formule (que l’on appelle aussi la courbe de l’oubli) du psychologue allemand Hermann Ebbinghaus permet de décrire non seulement la réaction de notre cerveau à une nouvelle information, mais aussi l’algorithme caché derrière toute stratégie de sensibilisation sur les réseaux sociaux. Concrètement, elle illustre la manière dont notre mémoire décline au fil du temps. Et ce déclin est conséquent : 50% de tout apprentissage formel est en effet oublié dans la première heure.
Malgré cette donnée, notre système éducatif continue de reposer invariablement sur le même modèle. C’est-à-dire, un programme structuré et dispensé par un “chef de classe” (l’enseignant) à une audience passive. Et malgré le fort développement de la formation en ligne, la structure fondamentale de l’apprentissage est restée la même. La forme a changé, mais le fond subsiste et reprend inlassablement des approches pédagogiques peu adaptées au nouveau contexte.
Et pourtant, une lueur d’espoir semble émerger de l’essor des réseaux sociaux. Ces derniers ont en effet considérablement transformé les modèles de diffusion, mais aussi de création et de structuration du contenu ! La révolution sociale a donc eu, sans grande surprise, un impact sur l’apprentissage. Elle a en effet ouvert la voie à ce que l’on appelle le social learning, une nouvelle manière d’apprendre.
Peut-on aller jusqu’à parler d’une révolution de la formation, notamment au sein de l’entreprise ? Nous vous proposons de partir à la découverte du social learning dans cet article de décryptage…
Qu’est-ce que le social learning ?
L’apprentissage social (ou social learning) est un concept fondé sur une théorie développée par le psychologue Albert Bandura. Bandura part de l’idée selon laquelle l’apprentissage est un processus cognitif qui se déroule dans un contexte social. De ce fait, il devient possible grâce à l’observation ou l’instruction, même en l’absence de reproduction ou de renforcement direct.
Cela signifie que même si personne ne nous transmet formellement une nouvelle connaissance, nous sommes en mesure de l’intégrer à partir de notre environnement et des personnes qui le composent. Le social learning favorise ainsi une approche fondée sur le bon sens et la vie réelle. Il se concentre sur la manière dont nous interagissons avec nos pairs, pour l’apprentissage situationnel comme pour l’acquisition de compétences.
Par ailleurs, un cadre d’apprentissage social vertueux repose sur la loi des 70-20-10. Cette dernière suggère qu’environ :
- 70 % de tout effort d’apprentissage se fait via des expériences en cours ;
- 20 % est réalisé par le biais d’interactions avec nos pairs ;
- Et seulement 10% est fait dans le cadre d’une instruction traditionnelle, via un cursus scolaire ou une formation classique.
Le social learning a ainsi remis au goût du jour les solutions d’apprentissage mixtes. Ces dernières permettent en effet de combiner différents éléments/cadres d’apprentissage pour atteindre le plus efficacement possible un objectif ou un public spécifique.
Les avantages de l’apprentissage social
En tant que tel, le social learning présente de nombreux avantages. Il permet notamment de créer une culture d’apprentissage. Si nous n’apprenons pas seulement dans une salle de classe, mais à travers chacune de nos expériences, les opportunités sont aussi nombreuses que nos interactions quotidiennes. L’apprentissage sort donc de son cadre formel, pour devenir une culture apprenante qui inonde tous les pans de notre vie.
Le social learning est également plus “future-proof” que son pendant traditionnel. S’il est indéniable que notre avenir sera façonné par les réseaux sociaux, et les interactions sociales de manière plus générale, en faire des sources d’apprentissage permet de mieux s’y préparer. Pour les formateurs comme pour les apprenants, c’est la garantie que les contenus et pratiques d’apprentissage restent à la fois pertinents et engageants.
Dans un contexte plus spécifiquement professionnel, le social learning a également prouvé sa puissance. De nombreuses études ont ainsi montré qu’il :
- Stimule la confiance entre collègues (puisque chacun d’entre eux a le potentiel d’être un apprenant ou un formateur) ;
- Booste la productivité : 86 % des employés formés via le social learning déclarent que la collaboration avec leurs collègues les a aidés à acquérir des compétences nécessaires à leur travail. Par ailleurs, 75 % des connaissances acquises sur le lieu de travail le sont aujourd’hui via l’apprentissage social ;
- Selon l’Association for Talent Development, les approches d’apprentissage social ont un ratio de ROI de 75:1 par rapport à une formation traditionnelle.