Le concept semble presque trop beau (et trop simple) pour être vrai. Le mouvement no code promet en effet à chacun de pouvoir développer son site web ou son application sans s’embarrasser d’apprendre un langage de programmation comme Python ou Ruby.
Les plus technophobes d’entre nous pourraient-ils vraiment devenir développeurs de logiciels et créer des applications complexes et rentables ? La déferlante no code permet en effet, et sans conteste, de démocratiser le développement web. Mais elle ne se substitue pas pour autant aux programmateurs professionnels.
Dans cet article, nous vous proposons un décryptage des avantages (et inconvénients) du no code. Vous découvrirez aussi les projets pour lesquels cette approche est la plus adaptée !
Qu’est-ce que le mouvement no code ?
Le concept de no code (littéralement “sans code”) est un type de développement web permettant aux non-programmeurs (comme aux développeurs) de créer des logiciels à l’aide d’une interface utilisateur graphique… Autrement dit, en s’appuyant sur des blocs visuels au lieu d’écrire des lignes de code.
Au-delà de ses implications concrètes, c’est aussi une philosophie, un mouvement reposant sur la profonde conviction que la technologie doit être accessible à tous. Elle considère que c’est précisément en supprimant cette barrière à l’entrée (à savoir, apprendre un langage de programmation) que l’on verra émerger de nouveaux projets web innovants et inclusifs.
Au cœur de cette promesse, on trouve donc des frameworks no code. Ces systèmes de conception de logiciels ont généralement une interface conviviale et des fonctionnalités permettant de créer facilement un site ou une application web.
Quelle est la différence entre le no code et le low code ?
Attention à ne pas confondre low code et no code. La première est une approche de développement rapide d’application (RAD) consistant à générer automatiquement du code via des blocs de construction visuelle. C’est cette automatisation qui permet aux développeurs de se concentrer sur l’élément différenciant de leur projet web plutôt que sur son dénominateur commun (la programmation opérationnelle).
Le low code est donc un entre-deux entre le code traditionnel et le mouvement no code. Si besoin, l’utilisateur aura en effet la liberté d’ajouter manuellement du code sur celui généré automatiquement. A l’inverse, le no code est entièrement dépendant des outils visuels.
Que peut-on créer en no code ?
Du chemin a été fait depuis le début des années 1970, période à laquelle les appareils étaient entièrement pilotés par la ligne de commande. À l’époque, si vous ne pouviez pas coder, vous ne pouviez même pas utiliser d’ordinateur.
Depuis le début des années 2000, de nouveaux acteurs ont permis de démocratiser le développement web. C’est par exemple en 2003 que la startup Automattic a lancé WordPress, révolutionnant la création de site internet. Un an plus tard, Automattic proposait des plugins, offrant de nouvelles opportunités de personnalisation à ses utilisateurs.
Depuis, le champ des possibles s’est largement ouvert. Dès 2009, la déferlante no code s’est emparé de l’e-commerce avec la création de Shopify. Aujourd’hui, presque tous les secteurs sont concernés :
- L’automatisation : les outils d’automatisation no code permettent de connecter plusieurs applications et ainsi d’optimiser les flux de travail. On retrouve dans cette catégorie Automate.io ou encore Zapier ;
- Le marketing. Il est désormais plus facile de créer, segmenter et diffuser ses supports marketing au plus grand nombre. Notamment grâce à ConvertKit, Outgrow ou encore MailChimp.
- La gestion du travail. Les plateformes dans cette catégorie permettent aux entreprises de booster leur productivité, l’organisation de leurs données, ou encore la collaboration au sein de leurs équipes. On pense par exemple à Notion, ou encore Wrike ;
- Le paiement : les plateformes de paiement no code permettent à n’importe quel acteur d’accepter les transactions et de rationaliser leurs processus de paiement. C’est le cas notamment de Stripe ou encore de TillyPay ;
- La création de sites web. C’est là que le mouvement no code a commencé. Depuis le lancement de WordPress, de nombreux autres acteurs ont émergé, permettant à n’importe quel entrepreneur d’établir sa présence numérique. Parmi les nouveaux outils dans cette catégorie, on retrouve Wix, Webflow ou encore SquareSpace.
Quelles sont les fonctionnalités des meilleures plateformes de développement no code ?
Les outils no code permettent donc à n’importe quel utilisateur de créer un site ou une application web simple. Mais comment fonctionnent-ils concrètement ?
Chaque plateforme aura bien évidemment ses spécificités, mais elle offrira généralement ces mêmes fonctionnalités :
- Une interface de développement intuitive. Le principe même de no code repose sur une seule fonction : le drag and drop (ou glisser-déposer). Depuis une même interface, l’utilisateur peut déposer les composants préconfigurés de son futur site web ou application sans avoir à rédiger la moindre ligne de code ;
- La connexion des données. La plupart des outils sont préconfigurés avec des bases de données et des applications côté serveur. Elles peuvent aussi fournir une interface utilisateur de base vous permettant de vous connecter à la base de données de votre choix ;
- La réutilisabilité. Le mouvement no code permet également de réutiliser un ou plusieurs éléments d’une application pour en créer une nouvelle ;
- Les intégrations. D’Instagram à Slack, vous pouvez intégrer n’importe quelle plateforme dans votre application et automatiser complètement les processus ;
- La mobilité multiplateforme. Les outils de no code permettent également de créer des sites ou applications web évolutifs et compatibles avec les appareils mobiles et différents navigateurs. Vous pourrez ainsi toucher un plus grand nombre d’utilisateurs ;
- Reporting et analyse. Vous pourrez également créer des rapports personnalisés et suivre les métriques liées à votre application.
Quels sont les principaux avantages du no code ?
À ce stade, vous êtes certainement déjà enthousiaste à la perspective de pouvoir utiliser un outil no code ! Mais si le mouvement connaît une telle ampleur actuellement, c’est bien parce qu’il offre des avantages considérables, aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises.
La principale avancée permise par le no code est de rendre le développement accessible à tous. Plus besoin d’expérience technique pour créer un site ou une application. Ce qui implique une offre beaucoup plus variée pour les internautes. Et des opportunités de monétiser ses compétences ou sa passion pour des milliers de solo-preneurs.
Le mouvement no code réduit également les barrières à l’entrée pour les nouveaux “développeurs”. En plus d’éliminer la nécessité de se former (et l’investissement que cela peut représenter), ces outils permettent d’économiser des heures de travail. Et donc de se lancer de manière plus agile et avec des fonds de départ minimes.
En diminuant le temps de développement et de prototypage, le no code permet d’éliminer les étapes intermédiaires entre l’idée, sa concrétisation et sa mise sur le marché. Les entreprises comme les entrepreneurs peuvent ainsi répondre plus rapidement aux besoins de leurs futurs utilisateurs, ou se lancer avant leurs concurrents.
En ouvrant le développement au plus grand nombre, le mouvement no code est aussi et surtout synonyme d’un plus grand potentiel créatif et innovant. Des profils issus d’autres secteurs ou services d’une entreprise peuvent ainsi participer au développement concret de projets web. Ils y insufflent alors leur expertise et expérience propres, renforçant l’alignement commercial entre le produit final et ses utilisateurs.
Pour finir, le développement d’applications sans code facilite la mise à jour de ces dernières. Il permet à n’importe qui d’intervenir dans le cycle de développement et d’apporter des modifications sur la base des retours utilisateurs.
Les inconvénients de cette tendance
On comprend aisément pourquoi les entreprises et les entrepreneurs se tournent vers les plateformes de développement no code. Mais il reste important de bien saisir les inconvénients et les risques de cette approche. À commencer par la nécessité de bien définir ses besoins avant de se lancer, tout en sachant qu’ils seront amenés à évoluer et donc à s’écarter des capacités de l’outil choisi !
De plus, les modèles de no code sont généralement assez rigides, limitant ce qu’il est possible d’en faire. Vous risquez donc de commencer par vous demander « Qu’est-ce que je veux développer ?” et finir par devoir répondre à “Qu’est-ce que je peux développer ?”. Les solutions pour contourner ces limites et personnaliser votre site ou application seront alors souvent complexes et surtout coûteuses.
Le manque de contrôle sur votre projet web peut également se traduire par des problèmes de sécurité et de fiabilité. En effet, que se passe-t-il si l’entreprise qui fournit votre plateforme de no code est rachetée ou liquidée ? Ou, pire encore, si elle subit une faille de cybersécurité et une fuite de ses données ? Sans aller jusqu’à de tels extrêmes, reste la question de la propriété de votre code source. Si vous faites le choix de changer de plateforme, vous vous heurterez rapidement au problème de verrouillage de votre précédent fournisseur.
La proposition de valeur de ces plateformes reste donc plus adaptée aux projets d’applications ou de sites relativement simples. Mais elle ne constitue pas toujours une bonne alternative aux outils de développements low code ou aux services d’un programmateur. En effet, les compromis qu’impliquent leur utilisation pourraient, au final, vous coûter plus cher aussi bien sur le plan financier que stratégique.
Quel avenir pour le mouvement ?
Le mouvement no code, c’est un peu “Vers l’infini et au-delà”.
Les opportunités ouvertes s’étendent en effet des entreprises aux organisations caritatives, sans oublier les micro-entrepreneurs. On devrait ainsi voir de plus en plus de startups adopter l’approche bootstrap et lancer leur produit sans passer par le recrutement d’une équipe ou la levée de fonds.
Le no code atteindra bientôt de tels niveaux d’évolutivité et de personnalisation que même les grandes entreprises technologiques pourraient y avoir recours pour construire leurs produits. Mais aussi, pour faciliter la création de sous-applications ou de nouvelles fonctionnalités, boostant ainsi la dynamique de l’intrapreneuriat.