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pousse l’entreprise à se réinventer ?

Comment la transformation digitale
pousse l’entreprise à se réinventer ?

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Professeur de stratégie à l’EDHEC Business School, Directeur de l’Executive MBA et auteur de nombreux ouvrages, dont « 7 étapes pour un business model solide », Denis Dauchy, PhD nous partage son analyse sur la façon dont la transformation digitale des entreprises bouleverse les modèles économiques. Ou comment, dans tous les secteurs, elle pousse l’entreprise à se réinventer. Y compris dans la formation…

transformation digitale

La transformation digitale des entreprises bouleverse les modèles économiques

On n’achète plus un produit, mais un usage !

C’est déjà presque une évidence : la transformation digitale impose aux entreprises de nouvelles manières de mener une activité économique et de créer de la valeur. Car le digital permet d’imaginer de nouvelles propositions de valeur, centrées sur l’usage et l’expérience client. Ainsi, aujourd’hui, ça n’est plus seulement un produit que l’on achète, mais bien un usage.

Exemple dans l’automobile : on n’achète plus une voiture, mais un service de mobilité autour de l’usage de ce véhicule, incluant par exemple la location, le co-voiturage, un service intelligent autour du véhicule électrique… C’est un changement complet de paradigme pour l’entreprise !

La transformation digitale des entreprises va aussi de pair avec une meilleure excellence opérationnelle en interne, car elle apporte de nouveaux processus de travail. Connectées entre elles, les opérations sont en effet plus fluides et plus efficaces. C’est tout particulièrement vrai dans la relation client, qui, tout en étant de plus en plus multiple, devient aussi beaucoup plus fluide.

Le digital, créateur de nouveaux modèles

Dans ce contexte de transformation rapide et profonde apparaissent des nouveaux modèles d’affaires, centrés non plus sur les produits ou la production, mais sur la mise en relation et la fluidité des transactions. C’est ce que l’on appelle « l’économie de plateforme », symbolisée par exemple par AirBnB ou Blablacar.

Il ne s’agit pas de produire, mais de créer un interfaçage entre des personnes qui offrent un bien et des personnes qui l’utilisent. Dans ces nouveaux modèles, la technologie n’est plus une fin en soi, mais bien un « enabler », un moyen qui rend possible un changement structurant.

Quand l’entreprise doit se réinventer

L’innovation business model : quand les règles changent

Le principal enjeu est de réussir à reconsidérer ses manières de penser. C’est ce qu’on appelle une innovation disruptive, qui change les règles du jeu et ouvre l’éco-système de l’entreprise. On parle même d’une innovation « business model », qui dépasse la seule avancée technologie.

Les start-up ne sont pas les seules concernées (même si elles ont cette agilité qui les rend beaucoup plus à même de créer des modèles disruptifs). Les entreprises plus traditionnelles doivent elles aussi inventer en leurs seins de nouveaux modèles, basés sur de nouveaux usages, une chaîne de valeur différente et une nouvelle façon d’aborder leur métier.

Le business model unique est mort

Pour pouvoir prendre en compte la diversité et l’ouverture dans les affaires, s’en est fini du business model unique, y compris dans une même activité. Il ne s’agit pas d’annuler les anciens schémas, mais de savoir raisonner dans le cadre d’un portefeuille de business models.

Et ce, en suivant un double mouvement : d’une part la création de nouvelles unités autour de nouveaux modèles, d’autre part la transformation des modèles historiques :

  • Low cost vs haut de gamme ;
  • paiement par abonnement vs facturation à l’acte ;
  • guichet vs banque en ligne ;
  • journal papier vs multi-media.

On voit bien que, partout, les modèles multiples cohabitent. Quitte, pour l’entreprise, à créer sa propre concurrence interne.

Et dans le secteur de la formation ?

Les Business Schools aussi doivent se réinventer

La formation est confrontée aux mêmes problématiques que les autres secteurs économiques. Prenons l’exemple de la grande distribution. Des entreprises comme Carrefour ou Auchan ont fait l’erreur de croire qu’il suffisait de créer une filiale Internet pour conserver leur place.

Mais ils ont échoué (Amazon ou Zalando en témoignent) car la transformation digitale n’est pas seulement d’ordre technologique. Elle implique un changement complet de la façon de concevoir son métier, de raisonner, d’organiser les process, de gérer la relation client. Dans la formation, c’est pareil : le contexte impose de se projeter dans l’économie de plateforme. Il implique d’être beaucoup plus ouvert à l’éco-système qui nous entoure et de se positionner comme une interface entre les personnes qui produisent du contenu et celles qui l’utilisent.

C’est un changement radical de la façon de penser. C’est tout l’enjeu d’EDHEC Online, qui porte une nouvelle proposition d’apprentissage, plus fluide et multiple. Mais ça n’est pas un jeu à somme nulle : les Mooc existent depuis longtemps et n’ont pas remplacé la formation traditionnelle. Et paradoxalement le développement du digital est parallèle au développement du besoin communautaire. On est donc bien dans des modèles multiples !

Quand le digital transforme les modèles d’apprentissage

En amont, nous devons, nous, formateurs, revoir nos façons de travailler, en prenant en compte la multiplicité des outils pour entrer en relation. C’est un changement de posture qui va beaucoup plus loin que le seul fait de proposer un module en ligne. Il nous faut ainsi repenser intégralement l’ingénierie pédagogique et la chaîne de valeur de nos programmes. Les contenus doivent être préparés de façon beaucoup plus formelle et structurée.

Il nous faut aussi réinventer des modalités de validation des acquis. Enfin, nous devons aussi revoir nos modes d’interaction avec les apprenants. En réalité, c’est tout le monde de la formation qui doit, lui-aussi, se réinventer, en utilisant la technologie comme un moyen de créer de la valeur et d’être utile pour favoriser l’apprentissage et le développement professionnel.

BIO

Denis Dauchy, Ph. D., est professeur de stratégie d’entreprise et directeur du Executive MBA à l’EDHEC Business School. Dans le cadre de ses activités de formation et de conseil, il interagit avec les cadres dirigeants et les hauts potentiels sur des sujets tels que la stratégie et la modélisation d’entreprise, la gestion de la complexité et la gouvernance d’entreprise. Une deuxième édition de son livre – « 7 étapes pour un business model solide » – est parue chez Dunod en 2013. Denis anime ou organise régulièrement des séminaires à l’étranger (Afrique, Inde, Chine, Russie, ailleurs en Europe, etc.) pour des partenaires académiques et des entreprises. Il a participé au Programme d’Enseignement International (IMD Lausanne) et au Programme d’Apprentissage Centré sur les Participants (Harvard) et est expert pour l’Association française Progrès du Management (APM).

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