Dans un monde où l’innovation redéfinit sans cesse les règles du business, les managers vivent sous le joug d’une l’injonction à l’agilité, à l’adaptabilité, à la souplesse. Comme si la seule manière de faire sa transformation digitale était de devenir un « couteau-suisse managérial », capable de tout faire en même temps et de se réinventer en permanence. Et si le véritable défi était ailleurs ? Et si, pour construire une réussite durable à l’ère du digital, le vrai secret était la confiance ?
Par Christophe Abrial, Directeur de l’Executive Master Management Online de l’EDHEC Business School.
En entreprise, le management par la confiance est à considérer à plusieurs échelles. Au niveau macro, c’est d’abord celle qui lie chaque collaborateur à son organisation. Si pendant plusieurs décennies ce lien allait plutôt de soi, il est aujourd’hui challengé – notamment sous l’effet d’une digitalisation globale du business.
Comment avoir confiance lorsque l’on n’est pas certain que son métier existera encore demain ? Face à ces questionnements nouveaux, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’afficher comme vision une série d’objectifs chiffrés. Pour entraîner leurs collaborateurs et les engager sur le long terme, elles doivent tisser un lien de confiance autour d’une identité partagée et d’une mission claire. La digitalisation ne peut être une fin en soi : elle exige, plus que jamais, de définir un cap commun.
Ensuite, la confiance, c’est aussi celle qui existe entre un manager et ses équipes, et au sein de ses équipes. Celle qui permet une collaboration fructueuse, une dynamique gagnant-gagnant au quotidien. Sans elle, aucune performance durable n’est possible.
Cette confiance, le digital peut venir l’abîmer – quand il sert à contraindre ou surveiller les collaborateurs par exemple, en minutant leur temps de travail à l’extrême – mais il peut aussi la nourrir – en permettant à un salarié d’opter pour un mode de travail à distance, plus souple et adapté à ses contraintes personnelles.
Ainsi, une entreprise qui n’ose pas se lancer sur le terrain du home office montre qu’elle ne fait pas confiance à ses collaborateurs – comment ces derniers pourraient-ils avoir confiance en elle ? Pour se digitaliser de manière intelligente, avoir le courage d’être à l’écoute, souple et bienveillant est incontournable.
Comprendre l’importance de la confiance, c’est donc comprendre que pour faire du digital un véritable levier de performance à long terme, il ne suffit pas, en tant que manager, d’accumuler les outils numériques innovants, il faut innover en profondeur : dans sa posture, dans sa culture.