Le développement durable, un concept dans lequel se croisent enjeux économiques, écologiques et sociaux, s’applique aussi à la finance. C’est la notion d’investissement responsable, inaugurée dans le rapport Brundtland des Nations Unies en 1987, et qui devient aujourd’hui populaire.
Mais quels sont les principes de la finance durable (et en quoi diffère-t-elle réellement de la finance classique) ? Dans cet article, on revient sur les différents moyens de se lancer dans l’investissement responsable. Découvrez les bonnes plateformes sur lesquelles le faire et les conseils à connaître pour que “responsable” rime avec “rentable” !
Qu’est-ce que l’investissement responsable : définition
L’investissement responsable, est une démarche qui consiste à appliquer les principes de développement durable à des choix de placement. Concrètement, cela consiste à investir dans un portefeuille d’actifs non pas uniquement pour leur rentabilité, mais aussi pour leur impact social et environnemental.
En plus des critères financiers (marges, dividendes. qu’un placement peut rapporter), l’investisseur responsable se préoccupe des problématiques dites ESG.
Cet acronyme désigne des enjeux de nature multiple :
- Environnementaux : comme les émissions de gaz à effet de serre, l’empreinte carbone ou la gestion des déchets d’une organisation ;
- Sociaux/éthiques : le respect de l’égalité salariale entre les employés hommes et femmes, la formation des salariés. Ou encore l’inclusivité vis-à-vis des minorités et des personnes en situation de handicap, etc. Mais aussi la lutte contre la pauvreté, le renforcement des communautés locales… ;
- De gouvernance : les actions entreprises pour lutter contre la corruption, la transparence concernant la rémunération des dirigeants…
Pourquoi privilégier l’investissement responsable ?
Que l’investisseur soit une entreprise qui souhaite faire fructifier son capital, ou un particulier désirant placer son épargne, la démarche d’investir répond avant tout à un objectif de rentabilité. L’investissement responsable ne déroge pas à la règle, mais il le fait sans compromettre le futur des prochaines générations.
Pour allier ces deux missions (qui peuvent souvent paraître contradictoires), l’investissement durable tient plusieurs promesses. Et notamment :
- Un placement qui soit aussi performant que dans la finance classique. À ses débuts, l’investissement responsable impliquait une sélection dite « négative » des actifs. Une stratégie qui forçait les investisseurs à sacrifier le rendement au profit de leurs valeurs. Récemment, nous sommes néanmoins passés à une sélection positive des facteurs ESG, c’est-à-dire à une approche axée sur “les meilleurs dans leur catégorie”. Ce revirement a permis de générer de meilleurs rendements, voire de dépasser les indices de référence du marché ;
- Un placement qui soit conforme à ses valeurs. Une réflexion importante sur le plan moral, notamment lorsque l’on désire favoriser une évolution positive de l’économie mondiale. Cette approche peut également se révéler cruciale pour le positionnement des entreprises qui séduisent les consommateurs par leur discours engagé. Ces derniers attendent en effet que les actions qu’elle mène soient alignées aux valeurs qu’elle prône ;
- Un placement qui limite les risques. Les entreprises ou particuliers axant leur stratégie d’investissement sur sa dimension durable auraient tendance à être plus résilients en période de crise. L’investissement responsable permet également de diversifier son patrimoine. Et donc, de ne pas répartir ses œufs (ni ses risques) dans le même panier !
Une forme d’investissement qui a le vent en poupe
L’investissement responsable est en forte progression. Une dynamique qui n’a rien de surprenant, lorsque l’on sait que près de 6 français sur 10 considèrent la protection de l’environnement comme un sujet prioritaire en matière d’investissement. Ils sont d’ailleurs tout aussi nombreux à estimer que les enjeux de développement durable devraient être des critères obligatoires pour les produits d’épargne.
En France, les encours de l’investissement responsable ont augmenté de 32 % ces dernières années, atteignant plus de 1 861 milliards d’euros. Cette croissance fulgurante n’est pas uniquement alimentée par les nouvelles générations, plus engagées sur les terrains écologiques et sociaux. Elle répond également à l’évolution des tendances macro-économiques (augmentation de la population, raréfaction des ressources et accélération de l’urgence climatique).
Mais il faut surtout noter que les placements responsables continuent d’afficher d’excellentes performances par rapport au marché. Une étude de Morgan Stanley, qui a évalué plus de 10,000 fonds et comptes gérés, indique ainsi que le rendement des placements durables est habituellement semblable, et souvent supérieur, à celui de placements traditionnels comparables.
Une tendance qu’illustrent parfaitement les performances du MSCI KLD 400 (indice composé de sociétés respectant des normes ESG très élevées). Ce dernier a en effet affiché un rendement annualisé de 10,2 % depuis 1990. Sur la même période, le S&P 500 (l’indice basé sur les 500 plus grandes sociétés cotées aux bourses américaines) était à la traîne de 45 points de base.
Rappelons tout de même que l’investissement durable n’est pas encore la norme. Notamment en France, où seul 1 épargnant sur 5 déclare avoir opté pour ce type de placement.
Quelles formes peut prendre l’investissement responsable ?
Si vous souhaitez investir durablement, deux options s’offrent à vous.
Investir directement dans une entreprise ou une cause
Vous pouvez parfaitement investir durablement dans les entreprises ou entités publiques dont vous considérez qu’elles défendent les causes qui vous tiennent à cœur. Il peut s’agir d’une startup qui nettoie les océans, d’une organisation qui lutte contre la faim dans le monde…
Si cette méthode présente l’avantage de vous offrir plus de liberté (et un choix plus large), elle nécessite néanmoins de disposer de bonnes connaissances financières. Mais aussi, de suffisamment de temps pour bien gérer votre portefeuille d’actions !
Pour sélectionner vos titres, posez-vous les bonnes questions. Analysez notamment les pratiques et les engagements de l’entreprise en question sur le plan environnemental, social ainsi que sa gouvernance.
Vous trouverez généralement les informations que vous recherchez (sur sa gestion des déchets, sa charte salariale ou ses pratiques d’audit) dans sa déclaration de performances extra-financières (DPEF). Ou encore, dans son rapport RSE. La bonne nouvelle ? La grande majorité des sociétés cotées partagent désormais ces documents sur leur site, via un espace dédié aux aspects ESG de leur activité.
Investir dans un fonds ISR
Autre option : celle d’investir dans un fonds ayant le label ISR (pour Investissement Socialement Responsable). Créé en 2016 par le Ministère de l’Economie et des Finances, il permet de distinguer les fonds qui investissent dans les entreprises responsables des fonds classiques. C’est donc un bon moyen de simplifier votre sélection d’actifs ainsi que la gestion de votre portefeuille.
Vous pouvez aussi opter pour ses deux concurrents non-gouvernementaux, à savoir :
- Le label ISR Novethic, qui est attribué aux fonds prenant en compte les enjeux ESG dans la constitution de leur portefeuille ;
- Le label du Comité Intersyndical de l’Epargne Salariale (CIES). Il regroupe les actifs financiers durables gérés par des organismes spécialisés et socialement responsables.
Pour bien choisir votre fonds ISR, il est important que vous vous intéressiez à sa stratégie d’investissement. L’une des plus populaires est l’approche “best-in-class”, qui consiste à sélectionner les meilleures entreprises dans leur secteur.
À l’inverse, la stratégie d’exclusion exclut, comme son nom l’indique, les organisations qui ne répondent pas aux critères ESG minimaux. On peut aussi citer l’approche thématique, ou l’impact investing (investissement à impact).
Le plus souvent, un même fonds utilisera plusieurs de ces stratégies d’investissement responsable.
Les meilleures plateformes d’investissement responsable
Depuis quelques années, l’investissement responsable est également simplifié par de nouvelles plateformes spécialisées. C’est ce que l’on appelle le crowd equity, qui permet aux particuliers de stimuler leur épargne en devenant actionnaire d’entreprises en développement.
Mais à cet argument économique, s’ajoute également celui de l’impact environnemental ou social positif des actifs présentés. Parmi les nouveaux acteurs de l’investissement responsable, on peut citer :
- Wiseed : créée en 2008, la plateforme a récemment ajouté à sa gamme de projets des entreprises orientées vers les énergies renouvelables ou encore l’innovation sociale. Le ticket d’entrée y est fixé à 100 euros ;
- Enerfip : une plateforme de crowd equity spécialisée dans la transition énergétique. Elle permet aux particuliers d’investir dans des projets d’installations solaires ou de stockage d’énergie. Les taux annuels d’intérêt vont de 3 à 8 % bruts ;
- Lita.co (anciennement 1001PACT). Spécialisée dans l’économie sociale et solidaire, la plateforme a depuis sa création en 2014 levé pour un montant total de plus de 6,5 millions d’euros. On peut y investir dans des entreprises de rénovation éco-responsable, ou des applications à destination des personnes en situation de handicap ;
- Tudigo (anciennement Bulb In Town). Orientée vers l’investissement durable de proximité, Tudigo permet d’investir dans des petits commerces ou artisans locaux.
Les bonnes pratiques à retenir avant d’investir
L’investissement responsable est donc un bon moyen, pour reprendre l’expression anglo-saxonne, de “put your money where your mouth is”. C’est-à-dire, d’agir plutôt que de parler, en investissant dans les causes qui nous sont chères.
Avant de vous lancer, pensez néanmoins à :
- Vérifier que votre futur investissement est bien aligné avec vos objectifs (et le niveau de risque que vous êtes prêt à prendre) ;
- Limiter vos risques en diversifiant vos placements ;
- Vous intéresser sérieusement au fonctionnement des fonds ISR. Et vous assurer que leur politique d’investissement est conforme à vos valeurs ;
- Prendre connaissance des frais qui peuvent vous être appliqués. C’est facile, ils sont indiqué dans la DICI d’un fonds, et la brochure tarifaire de votre banque ou courtier.