Les raisons de cette longévité
Les deux auteurs identifient un faisceau de raisons pouvant expliquer la persistance de cette nostalgie :
Le vieillissement de la population et la volonté de transmission « du bon et beau » aux nouvelles générations. La série « Quand papa/maman avait ton âge » illustre très bien cette idée.
La crise financière de 2008, la crise européenne enclenchée par le Brexit, la crise des migrants, font rechercher dans le passé les clés de notre reconstruction financière et sociale.
Les attentats terroristes, la guerre larvée avec l’état islamique, l’apocalypse du réchauffement climatique, font entrevoir un futur toujours plus sombre et chercher la lumière de l’autre côté du tunnel
Le sentiment d’isolement dans notre société hypra connectée, l’anxiété générée par la tyrannie du Like, le culte de l’image et la mise en scène du Moi, la vitesse de propagation des news et des fake news, poussent à se ressourcer à des époques de Dolce Vita, d’éloge de la lenteur, de l’authenticité des relations.
Le stockage quasi-illimité de photos et d’archives audio et video, l’accès instantané et en majeure partie gratuit qu’offre internet facilite le retour sur le passé. Grâce à ces aide-mémoire en ligne, le passé n’a jamais été aussi présent, aussi réel.
Ils attestent du succès de la nostalgie…
Les reliques : les antiquités ou objets vintage d’époque, qui ont une histoire, un héritage comme un Scooter Lambretta de 1947
Les reproductions : les copies modernes d’objets anciens, légèrement adaptées à notre époque (par exemple un Lambretta qui roule à l’essence sans plomb)
Les renaissances : les objets iconiques comme les appareils photo Polaroid, les marques endormies comme Suze ou Orient Express, dont on dépoussière et rajeunit le look
Les répliques : Des produits ou marques totalement nouvelles qui s’inventent un passé et/ou imitent le style d’une époque (par exemple la marque Benefit Cosmetics 50’s style
Communauté néoburlesque : la place des femmes en révolution
Au cœur de son enquête sur la nostalgie, Marie-Cécile Cervellon, s’est immergée pendant plus de deux ans dans la communauté Neoburlesque, « une communauté de femmes qui militent pour une beauté féminine décomplexée, dans toute sa diversité, en se réappropriant les codes rétro du féminin et en les mettant en scène, dans leurs activités de loisir ou professionnelles. »
A travers ces femmes, les auteurs font le portrait de la nostalgie du XXIe, rassembleuse face à la solitude 2.0, résistante face au conformisme du goût et des idées, et révolutionnaire.