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La e-santé ou comment Dr Google est devenu la référence en matière de santé ?

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Loick Menvielle, Ph.D., est professeur associé de marketing et notamment du Bachelor Online, à l’EDHEC Business School. Spécialiste dans le domaine de la santé et de l’e-santé, il est le co-éditeur du livre  » La numérisation des soins de santé : New Challenges and Opportunities « , avec des contributeurs prestigieux tels que IBM, NHS, Ivey University, Mont Sinaï, Columbia University, INSEAD… Tribune initialement publiée sur le site wedemain.

Qu’est ce que la e-santé ? 

Les habitudes de consommation des français tendent vers une digitalisation optimale des services dont ils ont besoin. La crise du Covid a permis le développement de nombreuses solutions digitales dans tous les domaines, y compris la médecine ! La e-santé (ou santé numérique) fait référence à « l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé ».

La e-santé intègre plusieurs grands sous domaines :

  • Les systèmes d’information en santé permettant une meilleure coordination des soins au sein d’un établissement de santé (Systèmes d’information Hospitalier ou SIH, Dossier Patient Informatisé ou DPI, etc.) ou d’un territoire de soins (Systèmes d’Information partagé de santé)
  • La télémédecine offrant des possibilités de soins à distance et regroupant 5 catégories d’actes médicaux : la téléconsultation, la télé expertise, la télésurveillance, la téléassistance, et la régulation médicale (centre 15)
  • La télésanté intégrant des services de suivi et de prévention des individus dans un objectif principal de bien-être (objets connectés, applications mobiles d’auto-mesure, plateforme web, …) En fonction des utilisateurs, il est possible de distinguer au sein de ces champs d’application trois types de dispositifs technologiques génériques
  • Les dispositifs technologiques centrés patient ou grand public : m-health ou m-santé (M pour Mobile) applications de santé mobiles, applications de santé web, objets connectés, réseaux sociaux (communautés de patients), portail d’information de santé, etc
  • Les dispositifs technologiques centrés offreurs de soins tels les établissements de santé et les professionnels de santé : les SIH internes, systèmes d’information partagés, systèmes d’information embarqué (ex : SMUR), dispositifs de télémédecine, etc.
  • Les dispositifs technologiques centrés acteurs assurantiels, régulateurs publics et industriels : outils génériques de la gestion de la relation client (CRM) ainsi que ceux du datamining (données internes) ou du big data (données externes) permettant la collecte, le stockage et le traitement algorithmique de données massives de santé.

Découvrez le témoignage d’Eric, entrepreneur dans la MedTech.

La démocratisation de l’Internet a fait place à un intermédiaire médical en la personne de « Dr. Google » : l’essor de la e-santé

Qui n’a jamais tenté de consulter des sites médicaux en ligne afin de vérifier un traitement ou obtenir le nom du mal associé à ses symptômes ? Comme pour près de sept Français sur dix, l’Internet est le moyen le plus adapté pour rechercher de l’information médicale.

Le saviez-vous ?

Un patient sur deux, atteint d’une pathologie chronique, utilise de façon régulière des solutions liées à la santé connectée et à l’usage de plateformes délivrant du contenu médical (Ipsos, 2016). À ce titre, la majeure partie de ces recherches portent à la fois sur des renseignements liés à une ou plusieurs pathologies, mais aussi sur les traitements et solutions médicamenteuses adéquates.

Dr Google, Bonjour ?

Au-delà des espaces et forums connus du plus grand nombre à l’instar de Doctissimo, diverses communautés regroupant des patients atteints de diverses pathologies chroniques, telles que PatientLikeMe ou Crohnology — plus spécifique et s’adressant à des patients atteints de la maladie de Crohn —, ont émergé ces dernières années. La démocratisation de l’Internet et des outils du Web 2.0 a contribué à favoriser ce type de comportement et à faire place à un nouvel intermédiaire médical en la personne de « Dr. Google », symbolique des nouveaux moyens de diffusion et d’accès à la connaissance santé.

Les perspectives favorables de la démocratisation de la connaissance médicale

Les relations patient-médecin 

Au-delà de ce constat, il s’agit de s’interroger sur les mutations de nos comportements et les nouvelles postures qui résultent de cette digitalisation de la santé sur la relation patient-médecin. De fait, faut-il rejeter de façon radicale les plateformes d’informations destinées à démocratiser la connaissance médicale en direction des particuliers ? Quelles peuvent-être les conséquences au niveau de l’engagement des patients à l’égard de leurs professionnels de santé et quelle vision peut découler de ce nouveau paradigme qui se met en place sous nos yeux et dont nous sommes, toutes et tous, les acteurs ?

Info ou Intox ?

Une grande partie des critiques portent sur la véracité et le bien-fondé des informations médicales délivrées sur les plateformes Internet. Or, globalement, la démocratisation de la connaissance médicale ouvre des perspectives bien plus favorables qu’il n’y paraît.

La e-santé pour mieux observer son traitement

Certes, la diffusion de la connaissance médicale rompt l’asymétrie informationnelle qui pouvait exister historiquement dans la relation patient-médecin. Mais elle pousse inéluctablement les acteurs du monde de la santé à devoir reconsidérer le rôle du patient comme co-constructeur du processus de soin.

L’implication des patients connectés

Plus particulièrement, dans le cas de patients atteints d’une ou plusieurs pathologies chroniques, les études exploratoires menées sur le sujet démontrent les bénéfices réels de cette démocratisation de la connaissance médicale, renforçant le lien et l’engagement à l’égard du professionnel de santé (Menvielle, 2016). Ainsi, le patient ayant recours aux informations médicales sur Internet a tendance à s’impliquer davantage dans le protocole médical. Son comportement s’avère beaucoup plus scrupuleux et vigilant à l’égard de son traitement.

Même si à ce jour le lien entre l’usage des plateformes délivrant de l’information médicale et l’empowerment du patient n’est pas clairement établi, les premiers résultats semblent aller dans cette direction. Il en résulte des défis importants pour la médecine, notamment avec la prise de conscience de la part du patient qui peut désormais engager un véritable échange avec les professionnels de soins et avoir un rôle de compliance (observance au traitement).

La e-santé pour mieux combattre la maladie

Le patient éclairé par la diffusion du savoir sur Internet, et plus particulièrement au travers de communautés virtuelles, ne constitue pas une remise en cause du savoir médical mais peut s’avérer être un moyen destiné à renforcer l’adhésion des parties prenantes face à la maladie. Pour les patients atteints de pathologies chroniques, près de 60 % d’entre eux ne respectent pas les recommandations de leurs médecins.

À ce sujet, un patient sur trois ne suit pas le traitement recommandé par son médecin et un sur deux oublie de prendre ses médicaments (Leem, 2015). Cette situation se traduit par des dépenses de santé qui pourraient être largement évitées. En France, c’est près de neuf milliards d’euros par an qui pourraient être économisés (250 milliards d’euros à l’échelon mondial), si les patients atteints d’une pathologie chronique avaient respecté les prescriptions médicales (IMS Health – Crip, 2014).

De quoi faire réfléchir sur le rôle du patient et sa sensibilisation aux enjeux thérapeutiques. Une transformation qui passe inéluctablement par l’accès et la diffusion du savoir médical pour une plus grande sensibilisation, faisant de la santé digitalisée une véritable alliée de la relation patient-médecin. Le but ? Mieux combattre la maladie.

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