Les fonds spécialisés dans l’impact investing (ou fonds durables) n’ont pas pour unique ambition de vous promettre des performances financières époustouflantes. Leur mission première est avant tout de tenir compte de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance pour guider vos placements. Et donc de participer à une finance plus verte et éco-responsable.
Reste à savoir à quel fonds se vouer… Dans cet article, on fait le tour d’horizon de l’écosystème d’impact investing en France, ainsi que de ses acteurs les plus dynamiques.
Qu’entend-t-on par fonds d’impact investing ?
Le Global Impact Investing Network (GIIN) définit l’impact investing (que l’on peut traduire également par investissement à impact) comme toute organisation dont l’intention est de garantir un impact environnemental et social positif en plus d’un rendement financier.
Plutôt que de se contenter de générer une plus-value strictement économique, les fonds responsables investissent dans les acteurs qui participent à protéger l’environnement, valoriser les communautés locales, et généraliser des modes de gouvernance plus transparents.
On l’oppose en ce sens aux fonds ou à la finance dite “classique”. Contrairement à cette dernière, l’impact investing ne se concentre pas tant sur les aspects opérationnels que sur l’atteinte des Objectifs de développement durable de l’ONU. Les fonds qui s’inscrivent dans cette mouvance vont donc principalement soutenir des sociétés à impact et dont la croissance est prometteuse. Ils permettent également à leurs clients d’obtenir une vision plus large de leurs investissements, en allant au-delà de la seule mesure financière.
Un secteur en pleine croissance en France
Depuis quelques années, l’impact investing s’est imposé en France. L’association France Invest recense 86 fonds durables, agissant auprès de 1188 entreprises pour un total de plus de 3 milliards d’euros. En 10 ans, l’écosystème a donc connu une forte croissance. Il représentait en effet 200 millions d’euros répartis dans 10 fonds en 2012.
Cet engouement peut s’expliquer en partie par un tournant dans les modes de consommation, et par extension d’investissement des français. La finance a ainsi un rôle à jouer. Elle permet d’apporter du sens à l’épargne en participant à relever le défi climatique, par exemple.
Mais les fonds d’impact investing ne sont pas des organismes philanthropiques. S’ils ne se concentrent pas uniquement sur leur rendement, ce sont aussi leurs performances financières qui expliquent leur compétitivité.
Les entreprises qui sont financées par ces fonds ne sont pas choisies par hasard. Elles répondent le plus souvent à des problématiques et à une demande bien réelles, et connaissent pour ces raisons une croissance économique forte. Mathieu Cornieti, président du fonds d’investissement Impact Partners liste ainsi parmi les entreprises financées des startup innovantes développant par exemple un logiciel d’aide à l’éco-pilotage des avions. Ou encore, un constructeur de fauteuils roulants électriques pour personnes en situation de handicap.
Actuellement, les fonds à impact se concentrent encore sur le private equity. C’est-à-dire, les entreprises qui ne sont pas encore cotées en bourse. Mais à la vitesse à laquelle l’écosystème se développe, la finance dans son ensemble commence à lorgner du côté de l’investissement durable…
5 fonds d’impact investing à suivre
S’il est en pleine croissance, le monde de l’impact investing manque encore de limites clairement définies. Pour identifier les fonds à impact, on peut par exemple se référer au travail de France Invest. Entrent dans cette catégorie les fonds dont l’investissement a pour intention de générer un retour positif. Cet impact doit de plus être mesuré par un processus d’évaluation continue.
Malgré ces balises, il reste complexe de lister et surtout de classifier les fonds d’impact investing en France. On peut tout de même se livrer à l ‘exercice en se basant sur l’annuaire de France Invest et en se concentrant sur ceux gérant les montants d’encours les plus élevés.
1. Amundi Finance et Solidarité
Gérant un encours de près de 300 millions d’euros, Amundi Finance et Solidarité a investi dans 39 entreprises solidaires. Ce fonds d’impact investing se concentre principalement sur l’accès à l’emploi et au logement. Il soutient par exemple l’entreprise de collecte de dons Le Relais ou l’association Habitat et Humanisme, qui lutte contre le mal logement.
La particularité d’Amundi est également d’avoir développé sa propre méthode d’analyse de l’impact. Elle se fonde sur des facteurs à la fois quantitatifs et qualitatifs, et peut se targuer de présenter sa propre note d’impact à ses clients.
2. Mirova solidaire
Ce fonds durable créé en 2006 représente un encours total sous gestion de plus de 200 millions d’euros. Il investit principalement dans les entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire, lui aussi dans les domaines de l’emploi et du logement. Ses clients pourront ainsi faire travailler leur épargne au service d’associations comme Simplon, qui aide les personnes en reconversion professionnelle à se former aux métiers du numérique.
Mirova s’appuie sur une véritable équipe de recherche pour mesurer l’impact des entreprises. Sa méthodologie d’évaluation se fonde sur 6 piliers (3 relatifs à l’impact environnemental, 3 aux sujets sociaux). Le fonds publie chaque année un rapport complet.
3. France2i
Ce fonds, doté à sa création en 2019 de 100 millions d’euros (et qui en gère aujourd’hui plus de 240), a été lancé à l’initiative de la Fondation de France et du groupe RAISE. Sa principale mission est d’accompagner les entreprises à mission dans leur transition sociale et environnementale. Il a ainsi commencé par investir dans l’entreprise engagée M2i Life Sciences et la startup oeuvrant pour les mobilités durables WeNow.
Le fonds France2i a lui aussi mis en place sa propre méthodologie. Elle mesure à la fois la contribution des entreprises soutenues à l’atteinte des ODD (Objectifs de développement durable) ainsi que leurs indicateurs clés d’impact. Cette approche leur permet de communiquer sur les résultats positifs de ces acteurs. Mais aussi, de pointer les points d’amélioration et de les soutenir dans ce sens.
4. NovESS
Lancé par la Banque des Territoires en 2016, ce fonds d’impact investing représente aujourd’hui un encours sous gestion de plus de 70 millions d’euros. Il se dédie presque uniquement à l’accompagnement des entreprises de l’ESS, soutenant leur croissance et changement d’échelle.
On retrouve dans son portefeuille des entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables (comme Enercoop). Ou encore, des acteurs engagés dans l’alimentation éco-responsable tels que Rutabago.
Pour choisir dans quelle organisation investir et mesurer leur impact, NovEss utilise l’outil MESIS (Mesure et Suivi de l’impact social).
5. IMPACT partners
Impact partners est un groupe dédié à l’impact investing auquel on doit aujourd’hui plusieurs fonds durables. Et notamment, IMPACT Création, créé en 2017 et qui représente aujourd’hui un encours sous gestion de 50 millions d’euros. Ce dernier s’est immédiatement spécialisé dans la création d’entreprises franchisées installées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Il a notamment investi dans Carrefour Proximité, participant à créer 300 nouveaux commerces et plus de 4000 emplois.
On retrouve sous la même bannière le fonds Impact Croissance III, dédié aux entrepreneurs sociaux en pleine croissance et implantés eux aussi dans les territoires les plus fragiles. Il soutient par exemple l’entreprise de prothèses pédiatriques rouennaise Prorobs.
Les deux fonds se fixent des objectifs adaptés à chacune de leur participation et mesurent annuellement les indicateurs d’impact.
4 facteurs pour bien choisir son fond d’impact investing
Que l’on soit porteur de projet ou investisseur, il peut être difficile de savoir vers quel fonds d’impact investing se tourner. Pour y voir plus clair, et aligner vos objectifs financiers à vos objectifs d’impact, voici 4 facteurs à prendre en compte.
Impact first vs profit first
Chaque fonds maintient un équilibre entre performance financière et impact qui lui est propre. Il aura donc des attentes plus ou moins élevées en termes de rentabilité. Mais aussi, une patience plus ou moins développée en ce qui concerne le délai attendu avant de dégager son retour sur investissement.
Si certains fonds sont plus souples concernant leurs objectifs de retour financier, ils seront à l’inverse plus exigeants sur les indicateurs de retour social ou environnemental.
Impact environnemental ou social ?
Les acteurs de l’impact investing peuvent également être classifiés en fonction de leur focus environnemental, social, ou mixte. De manière générale, les fonds ont tendance à choisir la troisième option, notamment en raison d’une profondeur de marché limitée. Mais aussi, parce que les thématiques sociales et environnementales restent intrinsèquement liées. D’où la volonté des financeurs de concilier ces deux missions dans leur stratégie d’investissement
Accompagnement financier ou opérationnel ?
On peut également classer les fonds durables en fonction du profil de leur équipe et de leurs velléités d’accompagnement des porteurs de projet.
Certains se concentreront ainsi sur la dimension financière, tandis que d’autres offriront une aide à la mise à échelle opérationnelle. Sans surprises, les acteurs de l’impact investing ont pour l’instant plutôt tendance à proposer un soutien purement financier. L’accompagnement opérationnel (bien que crucial, notamment en matière de growth et d’innovation) est en effet plus complexe.
Niveau de maturité
Comme n’importe quel fonds d’investissement, votre choix peut également tenir compte de l’expérience de votre futur fonds partenaire. Les acteurs les plus solides sont souvent ceux ayant adopté une approche mixte (associant retour financier et impact).
Plus qu’une tendance passagère, l’impact investing est un véritable mouvement de fond(s). En effet, il séduit à la fois les épargnants individuels et les investisseurs professionnels. Les fonds qui s’inscrivent dans cette philosophie s’imposent de plus comme des partenaires clés auprès des entreprises et organisations à mission, souhaitant aligner leurs ambitions en matière de croissance et de profits à leurs valeurs sociales et environnementales. Un équilibre qui pourrait transformer, sur le long terme, le visage de notre économie comme de notre système financier.