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L'entrepreneur : mythe et réalité

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Jean-Michel Ledru, Directeur de l’incubateur EDHEC Entrepreneurs.

Une question me revient toujours : quel est le profil type de l’entrepreneur ? A cette question, je ne sais pas répondre car entreprendre est pour moi une composante essentielle de ce qui fait notre humanité. Des femmes africaines vivant dans les townships d’Afrique du Sud aux diplômés des meilleures écoles que j’ai eu la chance de côtoyer, je n’ai pu que constater la diversité sans trouver de véritable fil conducteur, une personnalité, un « facteur X » qui conduirait des individus à plus ou à mieux entreprendre.

Entrepreneur : mythe et réalité

J’ai rencontré des entrepreneurs qui ont connu une belle réussite alors qu’à ce qu’il m’ait été permis d’en juger, ils n’étaient ni plus cultivés, créatifs, beaux ou charismatiques que le commun des mortels pour ne pas dire parfois plus ennuyeux ! Aux antipodes des clichés que l’on voit ou imagine ! Mais aussi tant et tant de personnes incroyables ! Nous pouvons donc tous entreprendre et réussir !

Etre entrepreneur de son jardin, de son projet immobilier, de sa carrière, de sa vie et aussi de son entreprise. Entreprendre est ce qui nous a fait prendre la mer, nous tourner vers les étoiles et souvent montrer le meilleur de nous-même. L’engouement récent en France autour de l’entrepreneuriat s’accompagne de tout un tas de lieux commun et d’idées reçues. Beaucoup de personnes, y compris chez les coachs ou autres investisseurs expriment des certitudes sur ce qu’il faut absolument faire ou avoir fait pour réussir. Nous souhaiterions tous être en mesure d’identifier la combinaison de facteurs garantissant le succès d’un projet d’entreprise ! Et si l’exception était la règle ?

Je vous propose de confronter les mythes de l’entrepreneuriat à la réalité. Une réalité plus composite qu’il n’y parait. Battons en brèche 4 idées reçues sur la réussite entrepreneuriale à la dent dure en partant à la rencontre de profils d’entrepreneurs accompagnés par EDHEC Entrepreneurs.

#Mythe n°1 : l’entrepreneur doit être un homme

A la question « Citez-moi un entrepreneur », qui ne répondrait naturellement « Bill Gates », « Mark Zuckenberg », « Richard Brandson » ou « Steve Jobs » ? Certes, le non recours au langage inclusif pour poser la question et la notoriété spontanée de ces personnalités suggèrent des réponses stéréotypées mais reconnaissons que l’image de l’entrepreneuriat est très souvent associée à ses figures masculines.

Celles-ci reflètent-elles pour autant toute la réalité ? Serait-il impossible pour une femme, voire une maman, d’entreprendre mais surtout prospérer avec succès ? A l’EDHEC Business School, nous incubons et accompagnons de nombreuses « entrepreneures ». Certaines d’entre elles sont de véritables modèles de réussite. Béatrice de Montille, créatrice de Merci Maman a établi son entreprise à Londres et y a reçu le prestigieux Queen’s Award des mains de la Reine. Cette maman de 4 enfants développe aujourd’hui son activité à l’international. De même, Jinli Bely a eu son deuxième enfant lors de la deuxième année de Senya International sans que cela ait eu des incidences sur l’entreprise alors en pleine croissance.

D’aucuns reconnaitront le courage et le mérite de Béatrice et Jinli et ils auront raison ! Mais finalement, si ce choix d’ « accoucher » et gérer un projet d’entreprise était plus « naturel » qu’on le raconte ? Et si l’entrepreneuriat correspondait davantage aux aspirations des jeunes générations de femmes ? Certaines études semblent abonder dans ce sens. Un sondage publié en 2017 par OpinionWay affirme que 51 % des femmes de 25-30 ans se disent prêtes à franchir le cap. Et contrairement à leurs aînées, ces jeunes générations n’hésitent plus à être accompagnées. Alors, Mesdames, lancez-vous !

Ecoutez le témoignage de Béatrice de Montille, Merci Maman

#Mythe n°2 : l’entrepreneur doit s’associer

Dans certains cercles du financement on ne reçoit pas un entrepreneur seul. Or, les associations sont comme les mariages ! Un sur deux échoue les cinq premières années… J’ai rencontré deux amis d’enfance qui, forts d’une amitié de plus de 20 ans, se sont associés sur la base d’une vraie complémentarité de compétences. Deux ans après, l’entreprise avait sonné le glas de leur relation. A contrario, l’EDHEC Business School a été le témoin d’associations merveilleuses comme celle de Hugo Salé de Chou et Constantin Wolfrom fondateurs de Pumpkin.

Faire cavalier seul ou cavaler à deux, là n’est pas la question. S’interroger sur ses compétences mais aussi son rapport aux autres dans le travail, son besoin de reconnaissance individuel, ses objectifs, ses facteurs de motivation, ses valeurs doivent prévaloir à ce choix.

Ecoutez le témoignage de Hugo Salé de Chou et Constantin Wolfrom, Pumpkin

#Mythe n°3 : l’entrepreneur doit avoir une première expérience professionnelle

« Ne te lance pas sans expérience professionnelle ! ». Voilà un autre poncif qu’on peut aisément prêter à une culture pour ne pas dire un culte du « CV » à la française. Qu’on s’entende bien, le propos n’est pas d’exclure le développement de savoirs, savoir- faire et savoir-être du processus en misant exclusivement sur les très tendances « soft skills ». Il s’agit de remettre en cause l’expérience préalable comme « rite de passage » obligatoire pour franchir les autres étapes.

Nicolas Drouault et Grégoire de Scorbiac ont créé Canard Street immédiatement après l’obtention de leur MSc in Entrepreneurship. Leurs restaurants font aujourd’hui les joies des Lillois en goguette dans les halles de Wazemmes et sur la Rue de Béthune. Leur diplôme EDHEC en poche, sans connaissance ni expérience du secteur, les deux entrepreneurs ont su déjouer les pièges des débutants. Ils projettent l’ouverture d’un nouvel établissement à Paris en 2019. Ils ont remporté le concours national Unibail-Rodamco-Westfield, le Grand Prix des Jeunes Créateurs du Commerce.

Ecoutez le témoignage de Nicolas Droualt et Grégoire de Scorbiac, Canard Street

#Mythe n°4 : l’entrepreneur doit avoir de solides fonds propres

L’argent est le nerf de la guerre quelque soit le projet que l’individu porte. Mais est-ce propre à la création d’une entreprise ? Certes, un projet murit avec le temps et pendant ce temps, il faut bien subsister et payer ses factures. On ne vit pas d’entrepreneuriat et d’eau fraîche ! Notons que les dispositifs du Pôle emploi permettant de créer son entreprise et de recevoir ses indemnités de chômage pendant deux ans sont un moteur de la création d’entreprise en France. Mais créer son entreprise à prix 0, c’est possible !

Les trois co-fondateurs l’application mobile Yuca n’ont pas investi d’argent personnel dans l’entreprise qui campe pourtant dans le top cinq des applications les plus téléchargées en France.

Ecoutez le témoignage de Julie Chapon, Yuka

Dans le MSc in Entrepreneurship et l’incubateur que je dirige à l’EDHEC, nous mettons tout en œuvre pour fournir à tous nos étudiants et diplômés qui intègrent nos programme les outils leur permettant d’éviter les écueils de l’entrepreneuriat mais jouer les Cassandre en désignant qui aura un destin hors du commun, je ne m’y risquerais pas.

La personnalité, l’origine sociale, le sexe, les ressources, l’environnement peuvent fluidifier des étapes du parcours mais heureusement le succès n’est pas discriminatoire. Et c’est sans doute ce que je trouve pour ma part très positif et d’une certaine façon aussi très rassurant !

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