Extrait d’un interview de Benoit Arnaud, Dean of Programmes, EDHEC Business School paru dans le livre blanc « Se former aux métiers de demain ».
Digitalisation, hybridation, agilité, confiance, bien avant la crise du Covid-19 les entreprises se posaient toutes sortes de questions sur leur organisation. La pandémie mondiale n’aura fait qu’accélérer un mouvement qui semblait déjà profond vers des organisations de plus en plus souples, décentralisées, distancielles, dans lesquelles chaque individu est amené à prendre ses responsabilités.
« Nous ne sommes plus à l’ère du théâtre filmé, mais dans celle de Netflix »
Passer du théâtre filmé à Netflix
« L’enseignement distanciel est en pleine ébullition », constate Benoît Arnaud, directeur d’Edhec Online. L’école pionnière dans l’éducation en ligne, entre ses campus de Lille et de Nice, a créé cette entité spécifique en 2018, pour répondre aux besoins des managers de par le monde.
« L’enseignant en distanciel s’appuie sur diverses activités très découpées, vidéos de 3 minutes, études de cas, quizz, fabrique de nuages de mots par équipe et en temps réel… Nous ne sommes plus à l’ère du théâtre/amphi filmé, mais dans celle de Netflix. Nous devenons des scénaristes de l’enseignement supérieur » affirme-t-il. « À Edhec Online le dispositif s’articule sur trois niveaux. Un fort accompagnement de l’étudiant, coaché individuellement en visioconférence, 1 à 2 fois par mois. L’instauration de sous-groupe de cinq étudiants, pour les travaux importants, cornaqué chacun par un tuteur affecté. La classe virtuelle synchronisée, enregistrée pour ceux qui ne peuvent se connecter à l’heure dite. Il n’y a pas de planning figé, la nouvelle génération d’étudiants vient pour la flexibilité. » Par ailleurs, l’école a lancé il y a peu les « Social learning », l’enseignement via les réseaux sociaux, notamment sur la plate-forme Slack, ou via des groupes WhatsApp très interactifs. De plus elle travaille sur des modules de « mobile learning » avec la start-up EdTech TeachOnMars.
« Toutefois, il faut adapter les contenus aux pratiques », insiste Benoît Arnaud. « Tous les étudiants ne sont pas égaux face au distanciel, et il faut passer du temps avec ceux qui butent sur une matière. Nous leur fournissons alors un tuteur dédié ».
« Si seuls 10 % des étudiants se forment à distance en 2020, ils seront 50 % dans cinq ans »
Une réflexion stratégique à mener
Il ne s’agit pas de donner dans la téléréalité, mais de faciliter la transmission des savoirs, tout en damant le pion à YouTube et autres tutos qui connaissent un succès croissant.
L’enseignement à distance doit avoir de fortes exigences : un contenu robuste et de qualité et une solide expérience d’enseignant pour fabriquer des séquences pédagogiques pertinentes (…) « Avec l’IA, la révolution pédagogique et technologique est devant nous. Si seuls 10 % des étudiants se forment en distanciel en 2020, ils seront 50 % dans cinq ans », pronostique Benoît Arnaud. Les écoles comme les universités doivent penser le distanciel avec la même attention que le présentiel. Sous les termes d’enseignement « hybride », « comodal », « blended learning », « mix learning »…, chacune expérimente son propre dosage entre cours physique et à distance. À la clé, au-delà de 2020, des outils audiovisuels de plus en plus performants !
Extrait d’un interview de Benoit Arnaud, paru dans le livre blanc « Se former aux métiers de demain« , réalisé par les Arts et Métiers et NEOMA BS de concert avec HEADway Advisory.