Les appareils ne sont pas les seuls concernés par l’obsolescence programmée. Nos compétences deviennent elles aussi obsolètes de plus en plus rapidement. Un récent rapport de l’OCDE précise même qu’une compétence technique (hard skill) a désormais une durée de vie de seulement 12 à 18 mois. Dans ce contexte, savoir comment apprendre de nouvelles compétences devient essentiel.
Le marché du travail et les besoins des organisations sont en effet en constante évolution. Les travailleurs sont ainsi amenés à mettre à jour régulièrement leurs connaissances et compétences s’ils veulent booster leur employabilité ou évoluer au sein de leur entreprise.
Le concept d’apprentissage continu (ou everlearning) répond bien à ces nouvelles exigences. Il replace la formation dans un continuum plus long, et invite chacun à faire de chaque opportunité (aussi bien professionnelles que personnelles) l’occasion de monter en compétences.
Reste à savoir comment apprendre à devenir un everlearner…
Qu’est-ce que l’everlearning ?
Le concept d’everlearning (que l’on peut aussi appeler le lifelong learning, ou apprentissage continu) consiste à être le propre moteur de son éducation.
Plutôt que de la limiter au système éducatif traditionnel, l’everlearner est à l’initiative de sa démarche d’apprentissage. Cette dernière se produit généralement en dehors des établissements d’enseignement ou de la formation en entreprise. En effet, elle s’étale sur toute une vie, prenant la forme d’un effort de développement et de perfectionnement personnel continu.
Pourquoi devenir un everlearner ?
Dans un monde en constante évolution, les travailleurs ne peuvent plus se reposer uniquement sur les compétences acquises à l’école. Leur employabilité dépend en grande partie de leur capacité à savoir comment apprendre à s’adapter aux nouvelles réalités du monde du travail et à adopter ses outils. L’émergence de la data, de l’intelligence artificielle, ou encore de technologies comme la blockchain invite ainsi à se former pour s’assurer que son capital de compétences ne devienne pas obsolète.
Mais l’everlearning répond également à un besoin moins technique de mise à niveau. Les soft skills sont aussi concernées, notamment au regard de l’importance que prennent de nouvelles formes, plus horizontales, du management. Dans un contexte où les travailleurs sont de plus en plus en quête de sens, et que cette quête s’aligne aux impératifs de positionnement concurrentiel des entreprises, l’everlearner est également une ressource considérable en termes d’engagement et de productivité dans les organisations.
Plus globalement, la démarche de poursuivre sa propre formation de manière autonome et régulière peut également s’accompagner d’un plus grand bien-être au travail. L’everlearning se traduit par exemple par une :
- Amélioration de la confiance en soi. Élargir ses compétences et son domaine de connaissance est un excellent moyen de gagner en confiance en soi. Les everlearners se sentiront ainsi plus à l’aise dans leur travail et plus légitimes pour réclamer une promotion ;
- Un renouvellement de la motivation endogène. Contrairement à la motivation exogène (comme la pression exercée par la hiérarchie), celle d’un everlearner, profondément endogène, lui permettra d’être plus résilient au travail. Il arrivera mieux à gérer la baisse d’inspiration ou les périodes de crise que peut traverser son organisation. Par ailleurs, ses journées seront moins routinières et ses missions plus passionnantes ;
- Une pensée plus créative et innovante. En élargissant le spectre de son apprentissage, l’everlearner est également amené à s’intéresser à des sujets connexes. Et donc à comprendre comment apprendre des compétences transférables qui boosteront son employabilité. Par ailleurs, ces dernières lui permettront également d’être plus inventif !
Comment apprendre à devenir un everlearner ?
Alors comment passer de la théorie à la pratique ? Il ne suffit pas de lire des manuels pour savoir comment apprendre, ou de suivre des formations en ligne pour devenir un everlearner… Afin d’adopter ce nouveau mode d’apprentissage, et en faire une force capitalisable sur le long terme, les 5 armes suivantes vous seront utiles :
1. La passion et la motivation
L’everlearning, c’est la formation auto-initiée, mais aussi auto-régulée. Etant donné que vous ne pourrez plus compter sur vos professeurs pour vous accompagner, vous allez devoir puiser dans vos ressources personnelles.
L’everlearner est une personne qui trouve en lui sa motivation et son envie d’apprendre de nouvelles choses. Le plus souvent, son principal moteur sera la passion. C’est en identifiant les domaines qui vous passionnent ou vous intriguent que vous parviendrez à vous consacrer à leur exploration et leur maîtrise.
C’est d’autant plus important pour les everlearners débutants, qui n’ont pas encore développé cette discipline. Commencez par les sujets qui vous intéressent profondément pour détacher progressivement votre engagement de ce facteur passion. Vous pourrez vous dédier plus tard à des domaines plus techniques, mais aussi plus facilement transférables sur le marché du travail.
2. La curiosité, l’exploration
L’everlearner se confronte sans cesse à de nouvelles informations. Pour les trouver, il doit donc avoir une appétence pour l’exploration. Tous les formats sont bons à prendre : de la lecture à l’écoute de podcasts, l’observation mais aussi le voyage ou la discussion.
La clé est aussi et surtout de cibler les informations pertinentes. Des outils de veille thématique (comme Feedly ou NetVibes) peuvent se révéler très utiles.
3. La pratique
Les connaissances ne sont rien si elles ne sont pas confrontées à la réalité ni pratiquées jusqu’à la maîtrise. L’everlearner ne se contente ainsi pas de ce qu’il lit ou entend. Il applique ces nouvelles compétences et les répète jusqu’à ce qu’elles deviennent une seconde nature.
Pour faciliter la mise en pratique, vous pouvez notamment choisir une carrière qui l’encourage. Mais aussi, dédier vos hobbies ou projets personnels à l’application et la maîtrise de vos nouvelles connaissances. Le side project est, par exemple, un élément central de l’hygiène éducative de l’everlearner.
4. La mise en perspective
De la même manière que l’everlearner confronte ses connaissances à la réalité du terrain, il n’a pas non plus peur de les confronter à des avis divergents. L’esprit critique est un facteur clé dans l’auto-évaluation mais aussi dans l’appropriation de nouvelles informations.
C’est en remettant en question ce que l’on pense que l’on peut se forger des idées qui nous sont propres et surtout en créer de nouvelles.
5. Le partage
L’everlearner n’est pas seulement un étudiant éternel. C’est aussi un enseignant. Comme la pratique, le fait de partager ses connaissances, et de les formuler de manière intelligible pour des novices permet de les consolider. C’est en montrant aux autres, en les encadrant dans l’apprentissage d’une nouvelle compétence, que l’on peut réellement la renforcer.
Le partage est aussi un bon moyen de renforcer sa motivation intrinsèque. Il permet de capitaliser sur l’everlearning, en en faisant le noyau de sa proposition de valeur. Et pourquoi pas, de sa stratégie de génération de revenus !
L’everlearning consiste ainsi à développer une attitude positive envers l’apprentissage de nouvelles connaissances et la maîtrise de nouvelles compétences. C’est aussi un formidable levier pour démocratiser la formation, en permettant à ceux et celles qui ne se seraient pas épanouis dans l’enseignement traditionnel d’y prendre goût dans un contexte plus libre et sur mesure. Les entreprises auront elles aussi leur rôle à jouer. Notamment en créant des opportunités propices pour les everlearners, et en valorisant leurs efforts.