En 2018 déjà, les étudiants français déclaraient travailler en moyenne 50 jours annuellement (soit 7 de plus que l’année précédente). Plus surprenant encore, aujourd’hui, plus de 2 étudiants sur 3 souhaiteraient une législation plus avantageuse concernant les jobs étudiants. Ils demandent désormais de pouvoir travailler plus que les 475 heures annuelles autorisées.
Ces chiffres témoignent d’une réalité complexe de l’enseignement supérieur et de l’évolution du marché du travail en France. Deux sphères qui ne communiquent pas toujours autant qu’elles le devraient. Et qui, pour les principaux concernés, peuvent même sembler parfois en décalage…
Qu’ils aient la sensation que leurs études ne les préparent pas suffisamment à la réalité du travail ou qu’ils souhaitent profiter des ressources que l’écosystème étudiant leur offre pour créer leur propre job de rêve, les français sont de plus en plus à travailler pendant leurs études. Décryptage.
Étudiants qui travaillent : une réalité pour près d’un français sur 2
Selon une étude publiée en 2017 par l’Observatoire de la vie étudiante, 46 % des étudiants français travaillent pendant leurs études. Ils sont donc près de la moitié à avoir un petit boulot en parallèle de leur cursus scolaire. Et seulement 17 % à considérer que cela pourrait avoir un impact négatif sur leurs résultats.
Toujours selon cette étude, 52 % des interrogés occuperaient leurs jobs étudiants plus de 6 mois par an. Une activité qui peut donc entrer en concurrence directe avec leurs études. En effet, souvent, elle n’est pas liée à leur parcours académique, ou elle est exercée à mi-temps.
Mais pour les trois quarts des étudiants qui travaillent, ce job parallèle serait un moyen d’améliorer leur niveau de vie. Pour certains, c’est aussi un moyen d’assurer leur indépendance vis-à-vis de leurs parents. Plus intéressant encore, 75 % estiment aussi que leurs jobs étudiants permettent d’acquérir une expérience professionnelle qu’ils pourront ensuite valoriser.
Parmi ces profils qui mixent études et travail, on retrouve principalement des étudiants en commerce (pour 62 % d’entre eux), dans l’enseignement, mais aussi l’ingénierie et la santé.
Pourquoi les étudiants travaillent : la réaction à un système éducatif qui prépare moins bien aux emplois de demain ?
Alors pourquoi un tel engouement pour les jobs étudiants ?
Une première réponse vient certainement de l’inquiétude que peuvent ressentir les futurs actifs à intégrer un marché du travail instable. Ce marché est en effet criblé d’évolutions, auxquelles ils peuvent avoir l’impression que leurs études ne les préparent pas efficacement. Le récent rapport Future of Jobs du World Economic Forum a ainsi révélé des statistiques intimidantes. Selon lui, 65 % des enfants entrant actuellement à l’école primaire finiront par occuper des emplois qui n’existent même pas encore.
Les changements technologiques massifs et la mondialisation qui devraient transformer la réalité du travail ont déjà commencé. Dans de nombreux secteurs et pays, certains des emplois les plus demandés n’existaient pas il y a cinq ans. Et le rythme auquel ces changements se produisent ne fait qu’accélérer.
Nombreux sont les étudiants conscients de leur manque de préparation face à cette réalité. En effet, le système éducatif traditionnel laisse peu de place au développement des compétences de demain.
Le personnel enseignant se montre lui aussi sceptique. Selon une étude menée par le Pew Research Center en 2016, 30 % estiment qu’il ne permet pas la transmission des nouvelles compétences nécessaires pour préparer les étudiants aux changements technologiques. D’où l’intérêt de la formation professionnelle en continu pour progresser et rester au niveau des évolutions technologiques. Ou bien des initiatives entrepreneuriales, qui séduisent de plus en plus d’étudiants.
Ces étudiants qui créent leur propre job de rêve
Face à ce constat, nombreux sont les étudiants qui prennent les devants et créent le job de leurs rêves. Grâce à des plateformes comme Malt, ou Fiverr, ils peuvent beaucoup plus facilement proposer leurs services, trouver des clients, et ainsi développer leurs compétences en tant que freelance. Selon une récente étude publiée par le site Creads, 10 % des personnes inscrites sur ces sites sont encore étudiantes.
Lancé en 2014, le statut d’étudiant entrepreneur fait lui aussi de plus en plus d’adeptes. Entre 2017 et 2018, ils étaient plus de 3 500 étudiants à en avoir bénéficié, profitant également de l’accompagnement et des formations proposées dans ce cadre. Ainsi, ces dernières années, les jobs étudiants ont commencé à prendre une toute autre dimension. De petits boulots alimentaires, ils sont devenus un véritable tremplin pour les jeunes, permettant plusieurs fonctions :
- le développement de compétences encore peu ou pas traitées au cours de leurs études ;
- l’acquisition d’une expérience significative du marché du travail ;
- un début d’accomplissement de leurs ambitions professionnelles.
Selon l’Observatoire Pépite France, 52 % des projets réalisés dans le cadre du freelancing le sont en équipe. L’aventure dure généralement un peu plus d’un an. C’est le cas par exemple de Ghislain et Firmin, les co-fondateurs de la startup PayFit, qui se sont rencontrés sur les bancs de l’ESCP et ont décidé de créer ensemble une entreprise désormais valorisée à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Ces projets entrepreneuriaux mobilisent énormément les étudiants, qui y consacrent les deux tiers de leur temps (ne laissant donc plus qu’un tiers à leurs études). Dans ce contexte, la formation en ligne peut devenir un atout de taille et faciliter le cumul des activités.
Les jobs étudiants : un tremplin propice à l’entrepreneuriat
Si d’un regard extérieur, jongler entre parcours scolaire et jobs étudiants peut paraître un défi compliqué, nombreux sont les français à trouver de nombreux avantages à cumuler les deux. Qu’ils souhaitent concrétiser leur projet, ou se construire un profil atypique pour intégrer plus facilement un marché du travail où les places sont de plus en plus chères, les motivations ne manquent pas pour sauter le pas.
Dans un entretien accordé à la plateforme Welcome to the Jungle, Claire Chouraqui (fondatrice de Dream Act) et Constantin Wolfrom (qui a co-créé Pumpkin) expliquent d’ailleurs que la période des études est au contraire particulièrement propice à ce type de projets.
- C’est une mine d’or de ressources pour entreprendre. L’écosystème étudiant est une véritable mine d’or pour les jeunes entrepreneurs. Les professeurs, les anciens étudiants, mais aussi les camarades de promo peuvent être de précieux mentors, de potentiels partenaires ou même de futurs clients.
- Les études, ou le moment parfait pour se lancer. En tant qu’étudiant, on a également plus de temps pour entrepreneur, d’occasion de valider son idée autour de soi, etc. C’est aussi certainement l’une des dernières périodes de notre vie où les responsabilités professionnelles et personnelles ne pèsent pas trop lourd dans la balance. Et où les conséquences en cas d’échec ne sont pas un tel frein à se lancer.
- Un excellent moyen de mettre en pratique ses nouveaux acquis. Pour Constantin, ses cours n’ont jamais été aussi intéressants que depuis qu’il s’est lancé dans son projet. Tout devient beaucoup plus concret, et un projet entrepreneurial est un excellent moyen d’appliquer ses connaissances.
- Une bonne manière de prendre confiance en soi. Les jobs étudiants sont également une excellente source de légitimité pour les futurs travailleurs. Qu’ils souhaitent poursuivre leur projet entrepreneurial ou le valoriser face aux potentiels recruteurs, se lancer permet de gagner confiance en soi, et de se montrer que l’on est capable de faire !
Qu’ils soient alimentaires, personnels ou de véritables accélérateurs de carrière, les jobs étudiants sont toujours une formidable opportunité pour ceux qui les occupent de se former, se tester, et se préparer aux emplois de demain