“Et toi, tu fais quoi ?” – soyez honnêtes, c’est la première question que l’on vous pose en soirée. La société nous définit par ce qu’on fait plutôt que par ce qu’on est. Pas étonnant que le boulot prenne souvent le pas sur la vie privée. Selon une étude, 40% des Français ne seraient pas satisfaits de leur équilibre vie pro-vie perso. L’argument choc : 43% d’entre eux estiment “ne pas avoir le temps” pour une vie riche en dehors du travail. Vraiment ?
Une journée compte 24 heures, une semaine 168 heures. Retranchons au quotidien 8 heures de sommeil (56 heures) et 7 heures au travail (35 heures). On arrive à 77 heures. Vous travaillez plutôt 50 heures ? Il nous reste 62 heures. Un footing prend en moyenne 30 minutes. Une séance de cinéma, 1h30. Un pot avec des amis, 2 heures. Il y a de la marge !
Dans son Ted Talk “How to gain control over your free time”, la coach de vie américaine Laura Vanderkam explique nous avons la bride sur le cou. “Le temps est élastique, assure-t-elle. Il s’étire pour faire entrer ce qu’on veut faire passer en premier : la clé est de commencer par faire entrer les priorités”. Oui, mais voilà. Le plus difficile ne serait-il pas le choix de ces priorités ? Voici quelques idées pour arbitrer.
Un choix individuel, contextuel et en conscience
Dans sa conférence “How to make your work-life balance work”, Nigel Marsch, l’auteur de “Gros, quadra et viré”, note que nos sociétés nous poussent à être des bourreaux du travail. “Les entreprises privées sont construites de manière à tirer le plus possible de vous. Nous sommes donc responsables d’établir les frontières”. Pour lui, plus on travaille, plus on nous trouve important. Il propose d’aller contre cet idéal “workaholic” pour trouver le nôtre.
Nous vous suggérons donc de vous départir des conditionnements liés à votre activité. Il faut savoir que notre vision du travail est conditionnée dès le plus jeune âge par des biais cognitifs. Même les parents les plus consciencieux ne peuvent effacer l’influence de l’école et de l’entourage : les filles se projettent enseignantes, actrices, chanteuses ; les garçons pompiers, policiers, pilotes d’avions… Et outre ce cliché (qui se vérifie malheureusement : 60% des enfants interrogés lors d’une étude pensent que certains métiers sont “pour les filles” ou “pour les garçons” ), le métier des parents est aussi un modèle parfois indépassable. Ainsi, difficile quand on naît dans une famille d’ouvriers de se projeter avocat, médecin. Le biais de Zajonc se caractérise d’ailleurs par le fait d’avoir un sentiment positif par rapport à un élément auquel on a été surexposé (papa est-il banquier ou garagiste ?).
Une fois l’âge adulte atteint, d’autres sur-couches de conditionnement s’ajoutent : ce métier est-il prestigieux ? Combien d’argent vais-je gagner ? Vais-je rendre mes parents / mon compagnon / ma femme fier(e)(s) ? Etc. Pourtant, c’est bien vous qui vivez votre vie et qui travaillez à un rythme qui ne vous convient pas, ou plus. Souvent, le biais du cadrage serré fait alors simplifier les informations par notre cerveau et bride notre créativité, l’empêchant de trouver les solutions. On pense qu’on ne peut pas quitter son boulot, qu’on n’a pas le choix, qu’on ne peut pas se reconvertir, qu’aménager des horaires “light” est impossible, etc.
Enfin, en fonction de son étape de vie, on aura envie de plus ou moins travailler. Et contrairement aux modèles qui tentent d’analyser la vie “type” (bourreau du travail avant le premier enfant et à nouveau après 45 ans…), chaque trajectoire est individuelle. Autrement dit, il vous appartient à tout moment de décider de la cadence de vie que vous souhaitez.
Si vous êtes prêt(e) à mettre de côté les injonctions de la société, de votre entourage et surtout celles que vous vous imposez à vous-même du fait de vos biais, on peut y aller.