Ces derniers temps, on observe les signes d’un retour à la normale de l’économie, selon certains observateurs. Parmi eux, l’annonce de plans concrets pour faciliter le retour des travailleurs au bureau dans un avenir proche. Des entreprises comme Microsoft, Ford, ou encore Backmarket envisagent toutes un modèle d’organisation hybride, mêlant travail à distance et présentiel.
Passer au tout distanciel du jour au lendemain au début de la pandémie n’a certes pas été facile, mais adopter un lieu et une organisation du travail hybride sera tout aussi délicat. Malgré les nombreux avantages qu’offre cette configuration flexible, les défis à relever ne doivent pas être négligés. L’organisation hybride devra s’adapter à la réalité de l’entreprise pour garantir au maximum sa productivité, et le bien-être des employés !
L’organisation hybride : un compromis pour faciliter le retour au bureau ?
A mesure que les campagnes de vaccination avancent, certains employeurs commencent à préparer la réouverture de leurs bureaux. Parmi les actions engagées, figure une profonde réflexion sur l’organisation du lieu de travail et la manière dont les collaborateurs pourront revenir au bureau dans les meilleures conditions possibles.
Nombre d’entre eux ont opté pour l’organisation hybride. Cette approche donne en effet aux collaborateurs la flexibilité à laquelle ils aspirent. Une flexibilité qui se révèle également bénéfique pour les résultats de l’entreprise ! Dans une récente enquête de PwC, 83 % des chefs d’entreprise déclaraient que le travail à distance augmentait la productivité. Cependant, seulement 13% d’entre eux ont annoncé être prêts à abandonner leur bureau pour de bon. L’écrasante majorité a ainsi déclaré que conserver un lieu physique était important pour la collaboration et les relations des équipes.
Le fait qu’une organisation puisse ou non offrir un modèle de travail hybride dépendra cependant de plusieurs facteurs. Et notamment, du secteur d’activité ainsi que du type d’emplois offerts par chaque entreprise. Ainsi, dans des secteurs comme la construction, la santé, la restauration, la vente au détail… Le travail à distance ne sera tout simplement pas une option viable.
En se penchant sur un futur du travail où l’approche hybride serait la norme, Gartner estime que près des deux tiers des employés pourront continuer de travailler à distance au moins une partie du temps. Cependant, même lorsque le travail hybride est possible, cette option n’est pas toujours la voie à suivre. À une extrémité du spectre, des entreprises comme Goldman Sachs demandent à leur personnel de retourner au bureau à temps plein. Tandis que dans le secteur numérique, Twitter, Square et Dropbox permettent à leurs équipes de rester à leur domicile 100% du temps.
Alors, quelle voie privilégier ?
Les avantages et inconvénients de ce nouveau modèle
Selon l’étude « Le travail demain – le travail hybride et le nomadisme plébiscités par les français » réalisée par L’Observatoire Cetelem, la grande majorité des actifs aspirent à une organisation hybride du travail. 78% se projettent sereinement dans ce nouveau modèle, même s’ils désirent passer plus de temps au bureau qu’à leur domicile (avec un maximum de 2 jours de télétravail).
Plus autonomes et correctement responsabilisés, les travailleurs hybrides pourront profiter de cette configuration pour partir en ‘Workation’. Du côté des entreprises, l’organisation hybride permet de continuer à fonctionner malgré les contraintes de mobilité. C’est aussi une bonne manière de réaliser des économies considérables, notamment en matière de charges d’exploitation des locaux ! Le modèle hybride offre également la possibilité de se concentrer sur les résultats et donc de s’éloigner du micro-management. Une bonne nouvelle pour les performances de l’entreprise, comme pour le bien-être de ses équipes !
Néanmoins, l’organisation hybride présente aussi des limites et contraintes. une grande partie d’entre elles, liées au secteur d’activité, sont tout simplement insurmontables. Cette organisation promet aussi de poser des défis d’encadrement des collaborateurs, d’intégration des nouveaux talents, ou encore d’éthique de travail.
Ces entreprises qui adoptent l’organisation hybride
Pour pallier ses inconvénients, et adapter l’organisation hybride à leur propre réalité, les entreprises ont adopté des approches très différentes. Et ce, aussi bien au niveau de l’organisation de leurs équipes que de l’accès à leurs bureaux. Les facteurs clés comprennent les exigences du poste, l’ancienneté des collaborateurs, ou même la durée des trajets entre le domicile et ses locaux.
En fonction de l’évaluation de leurs besoins et de ceux de leurs collaborateurs, les employeurs peuvent ainsi se tourner vers une approche plus flexible de l’hybride. C’est par exemple le cas chez IBM, où le moment et la fréquence d’entrée d’un employé sont déterminés par la collaboration avec le reste de l’équipe ainsi que ses livrables. Ford a également déclaré que certains de ses collaborateurs seraient autorisés à travailler selon un modèle hybride flexible. Leur organisation ? Un modèle proposant aux collaborateurs de travailler sur place en équipe, et de rester en télétravail pour les tâches indépendantes.
D’autres entreprises exigent de passer un certain nombre de jours au bureau. C’est le cas par exemple d’Axa. L’entreprise a étendu sa stratégie de « smart working » en permettant à ses collaborateurs de travailler 2 jours par semaine à distance. On peut aussi citer Uber ou Citigroup, qui demandent aux collaborateurs de se rendre au bureau 3 jours par semaine.
Dans certaines entreprises, l’approche est différente : les employés sont répartis en différents ‘niveaux’. Salesforce en a ainsi défini 3 : ‘flexible’ (au bureau 1 à 3 jours par semaine), ‘100 % à distance’ et ‘au bureau’ (au bureau 4 à 5 jours par semaine).
Les défis d’une nouvelle organisation hybride du travail
« Lorsque tout le monde travaille à distance, tout le monde a une expérience similaire. Mais dans un monde hybride, certaines personnes seront au bureau toute la semaine, d’autres quelques heures seulement. Cette irrégularité et cette variabilité seront vraiment difficiles à gérer”, déclare Brian Kropp, chef de la recherche en ressources humaines chez Gartner.
Les entreprises doivent ainsi commencer par adapter leurs bureaux. Et ce, notamment en remplaçant les espaces de travail individuels par des espaces ouverts. Cette stratégie encourage en effet la collaboration et a été adoptée par Adobe, avec un beau succès !
L’équité entre les collaborateurs en présentiel et à distance doit également être préservée à tout prix. Et ce, notamment en s’assurant que ceux qui sont présents dans les locaux ne bénéficient pas d’avantages ou d’un traitement différent. Cela implique naturellement de développer de nouveaux moyens d’évaluer les capacités et compétences de chacun. Mais aussi, de veiller à offrir des opportunités de formations et de développement professionnel à chacun, sans contraintes spatiales.
Pour finir, le management doit lui aussi se rendre hybride. Cela signifie comprendre ce qui fonctionne le mieux en fonction des circonstances individuelles de chaque collaborateur. Mais également s’assurer que des aménagements ne soient pas concédés à certains travailleurs plutôt qu’à d’autres. Comme par exemple, les parents par rapport aux personnes sans enfants. Le « Work From Home Pledge » d’IBM incarne parfaitement ce concept : il inclut ainsi des éléments tels que le fait d’être « sensible à la famille » mais soutient aussi « la flexibilité pour les besoins personnels ».
Le modèle hybride semble ainsi avoir de beaux jours devant lui. Correctement mis en place, il peut permettre aux collaborateurs plus de flexibilité et de productivité. Sans oublier les gains financiers à la clé pour l’employeur ! Mais l’organisation hybride, adoptée pour les mauvaises raisons, peut aussi se révéler néfaste pour le management. Un défi qu’il s’agit désormais de surmonter pour construire les entreprises de demain !